06ComplĂšte ce dialogue entre un policier et un suspect au prĂ©tĂ©rit. a. What did you do last night? - 1 anything. I stayed at home. b. you alone? - No, my wife was with me. c. What time did you go to bed? - to bed at around ten. Pouvez vous mâaider svp d. Did you go to the bank? - No, to the bank. e. steal the money? - No, I didn't steal anything!
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La critique a dĂ©crit la proximitĂ© qui existait entre lâhistorien et le dĂ©tective privĂ© Ă une Ă©poque oĂč les romans Ă Ă©nigme acclimatĂ©s dans des dĂ©cors historiques sont devenus un genre Ă part entiĂšre. Elle a Ă©galement dĂ©montrĂ© les similitudes des constructions narratives de lâHistoire et de la fiction. Cependant, les relations complexes quâentretiennent lâune et lâautre ne se limitent ni Ă ces analogies, ni au fait que lâhistoire serve de cadre Ă la fiction. Dans le cas du roman policier latino-amĂ©ricain â argentin en particulier â nombreux sont en effet les Ă©crivains qui interrogent lâhistoire rĂ©cente dans ses manifestations criminelles au moyen du tĂ©moignage. Il existe donc une modalitĂ© propre Ă la littĂ©rature latino-amĂ©ricaine le rĂ©cit de conjuration. GrĂące Ă lui, le genre policier acquiert un ton particulier, lâidĂ©ologie et le souci collectif glissant vers le premier plan alors quâil nâĂ©tait quâune toile de fond discrĂšte dans le roman policier anglo-saxon traditionnel. La crĂtica ha descrito la proximidad que existĂa entre el historiador y el detective privado en una Ă©poca en la que las novelas de enigma se aclimataban a los decorados histĂłricos, llegando a ser plenamente un gĂ©nero reconocido. Ella, la crĂtica, ha demostrado igualmente las similitudes de las construcciones narrativas de la Historia y de la ficciĂłn. No obstante las relaciones complejas que mantienen, la una con respecto a la otra, no se limitan ni a esas analogĂas, ni al hecho que la historia sirva de cuadro a la ficciĂłn. En el caso de la novela policial latinoamericana â argentina, en particular â son numerosos los escritores que interrogan la Historia reciente en sus manifestaciones criminales por medio del testimonio. Existe, pues, una modalidad propia a la literatura latinoamericana la narraciĂłn de la conjuraciĂłn. Gracias a ella, el gĂ©nero policial adquiere un tono particular en que la ideologĂa y la preocupaciĂłn por lo colectivo se deslizan hacia el primer plano de la narraciĂłn, cuando no era sino una discreta tela de fondo en la novela policial anglo-sajona de page EntrĂ©es dâindex Index chronologique XXeHaut de page Texte intĂ©gral 1Quâil sâagisse de fictions ou dâhistoires vraies, certaines des meilleures ventes de librairie, y compris en AmĂ©rique Latine, sont Ă mettre au crĂ©dit des genres policier et historique. La rencontre de ces catĂ©gories dans le succĂšs se double parfois dâune rencontre dans le texte. Le nom de la rose dâUmberto Eco, qui reprenait une recette Ă©prouvĂ©e par Ellis Peters, crĂ©atrice de Cadfael, a consacrĂ© un rĂ©cit dâenquĂȘte oĂč lâĂ©rudition historique bonifie le jeu intellectuel offert au lecteur. En suivant dâautres voies et en raison dâinquiĂ©tudes qui leur sont propres, les Ă©crivains argentins se sont plutĂŽt penchĂ©s sur lâhistoire rĂ©cente, douloureuse, Ă laquelle ils se rĂ©fĂšrent souvent en termes testimoniaux Rolo Diez ne manquera pas ainsi de produire des textes â tel son rĂ©cent Papel picado 2003 â nourris Ă lâexpĂ©rience autobiographique ; de mĂȘme, Recuerdo de la muerte 1984 de Miguel Bonasso Ă©lĂšve au rang dâarchĂ©type ces rĂ©cits Ă caractĂšre policier basĂ©s sur des Ă©vĂ©nements politiques vĂ©cus par lâauteur. Enfin, cas extrĂȘmes, lorsque Ricardo Piglia et NĂ©stor Ponce font remonter â dans RespiraciĂłn artificial 1980 et La bestia de las diagonales 1999 â le rĂ©cit jusquâau XIXe siĂšcle, câest en rĂ©alitĂ© afin dâinterroger les origines de la nation dans un souci non dissimulĂ© de comprendre le prĂ©sent. Histoire et roman policier similitudes et combinaisons 1 Propos recueillis par François GuĂ©rif, Magazine littĂ©raire, n° 344, juin 1996, pp. 53-54. 2 Voir Claude LĂ©vi-Strauss, La pensĂ©e sauvage, Paris, Librairie Plon, 1985, pp. 306-307 et Roland B ... 2Si lâon pose dâabord la modalitĂ© discursive produite par chacun de ces genres â lâhistorique et le policier â en regard lâune de lâautre, on constate que le travail de lâhistorien et celui du dĂ©tective concordent, tout deux Ă©tant des enquĂȘteurs qui soumettent le passĂ© Ă la question afin de trouver des responsables aux dĂ©sastres soufferts. Paco Ignacio Taibo II rappelait en 1996 que lâhistorien est, par essence, un dĂ©tective privĂ© amateur »1. Les structuralistes ont Ă©galement mis en lumiĂšre les analogies imposĂ©es par la narration au dire de la fiction et au dire de lâHistoire2. La similitude entre les deux catĂ©gories provient donc Ă la fois de leur caractĂšre hermĂ©neutique et de leur systĂšme dâorganisation discursive. Cette correspondance admise, il ne paraĂźt plus douteux quâHistoire et Ă©nigme criminelle puissent ĂȘtre associĂ©es ; mais rĂ©flĂ©chir Ă la façon dont une mĂȘme fiction est capable de mĂȘler leurs ingrĂ©dients de base, ce nâest pas seulement chercher sâil existe des romans historiques qui soient aussi des romans policiers, ni si les figures de lâhistorien et du dĂ©tective sont superposables. 3 El matadero » fut probablement Ă©crit en 1839 mais publiĂ© en 1871. 3Si nous ne retenons dans la catĂ©gorie des romans policiers que ceux qui suivent, de Poe Ă Chandler, les principaux modĂšles de la littĂ©rature anglo-saxonne, il sera assez facile de dĂ©crire le rapport qui sây constitue entre Ă©nigme policiĂšre et Histoire, cette derniĂšre y Ă©tant souvent une piĂšce rapportĂ©e. En servant de mode de dĂ©paysement, elle permet dâamplifier les effets produits sur le lecteur par lâexotisme des contrĂ©es lointaines. Ainsi, des sinistres mystĂšres de Fu Manchu de lâĂ©crivain Sax Rohmer au charme confucĂ©en du juge Ti de Van Gulik, on passe dâune vision paranoĂŻaque du pĂ©ril jaune â perçu par un homme moderne â au charme dĂ©licieux et raffinĂ© dâune Chine millĂ©naire â observĂ©e par un sinologue averti. Dâun dĂ©placement sur lâunique dimension spatiale oĂč ne compte que le dĂ©paysement gĂ©ographique, on aboutit Ă un dĂ©placement sur la double coordonnĂ©e spatio-temporelle oĂč le jeu Ă©rudit renforce le simple exotisme. Alors que le dĂ©paysement et lâĂ©vasion, attributs quâon prĂȘte volontiers Ă la para-littĂ©rature, semblent ĂȘtre, tels quâils sâappliquent au roman policier traditionnel, la principale fonction de lâexotisme, son redoublement par le voyage dans le passĂ© permet de donner Ă voir lâĂ©rudition de lâĂ©crivain. On observera que la formule qui produit la saturation de la fiction policiĂšre par des donnĂ©es historiques et culturelles est un ressort souvent utilisĂ© dans les nouvelles de Borges. Exercice dâĂ©rudition ou mĂ©thode dâĂ©vasion, cette instrumentalisation de lâHistoire comme figure dâornement, aussi raffinĂ©e soit-elle, ne trouble pas autant que le procĂ©dĂ© qui consiste Ă interroger lâHistoire Ă travers le fait criminel et qui caractĂ©rise certaines fictions argentines depuis El matadero »3 dâEsteban EcheverrĂa ou Amalia 1851 de JosĂ© MĂĄrmol. Dans le premier cas, lâHistoire est au service de lâĂ©nigme, dans le deuxiĂšme, elle en est le sujet. 4Au-delĂ de lâassociation ornementale entre les deux genres ou de lâanalogie entre dĂ©tective et historien, il est donc nĂ©cessaire dâinterroger plus profondĂ©ment le statut du crime et de lâĂ©vĂ©nement historique tel que la fiction est en mesure de les percevoir. ĂvĂ©nement et personnage 5Pour traiter du lien entre fiction policiĂšre et Histoire, il faut avant tout lever lâincertitude suivante parmi les mĂ©thodes susceptibles dâorganiser la connaissance historique, laquelle offrira davantage de matiĂšre Ă la fiction ? En simplifiant et en ne tenant pas compte pour lâinstant des solutions intermĂ©diaires propres aux Ă©volutions les plus rĂ©centes de la discipline, on peut retenir deux visions de lâHistoire 1 une vision moderne, issue des conceptions de François Simiand et de lâĂ©cole des Annales, oĂč la sĂ©rie complexe des faits quantifiables et la somme de gestes innombrables et anonymes recouvrent lâĂ©vĂ©nement particulier et fournissent une comprĂ©hension vaste et globale ; 2 une vision traditionnelle oĂč une Ă©loquente mise en rĂ©cit fait seul subsister lâĂ©vĂ©nement remarquable en retenant par-dessus tout lâaction du grand homme, lâalea jacta est dâun CĂ©sar. 6Lâhistoire des pratiques sociales et des mentalitĂ©s, ou lâhistoire des batailles ». Cette question sur la discipline conduit Ă celle concernant lâagent historique. Si on ne retient en effet que lâĂ©vĂ©nement Ă©clatant, on cherchera les individus qui lâauront provoquĂ© ClĂ©opĂątre, Jeanne dâArc, NapolĂ©on, BolĂvarâŠ, si possible de grandes figures auxquelles on prĂȘtera une capacitĂ© dâaction exemplaire, parfois magique. Ă lâinverse, si on nâobserve que la sĂ©rie complexe, alors on portera Ă la lumiĂšre des tendances et des donnĂ©es derriĂšre lesquelles la personne ne sera discernable que sous la forme dâune moyenne statistique. Il nâest pas douteux que la fiction prĂ©fĂšre sâinscrire dans la conception traditionnelle de lâHistoire car elle pourra alors se saisir de personnages et dâĂ©vĂ©nements nĂ©cessaires Ă la construction de lâĂ©nigme romanesque. Notons que Roland Barthes, afin de rĂ©vĂ©ler la parentĂ© reliant les deux formes de discours, ne se base pas sur les vastes abstractions produites par lâĂ©cole des Annales mais sur le grand rĂ©cit historique Ă©laborĂ© par Augustin Thierry au XIXe siĂšcle. 7Antoine Prost nous Ă©claire davantage sur la perception de lâĂ©vĂ©nement et du sujet par le rĂ©cit 4 Antoine Prost, Les pratiques et les mĂ©thodes », Sciences humaines, Hors sĂ©rie, n° 18, septembre ... Tous les sujets [âŠ] ne se valent part, tous nâont pas la mĂȘme pertinence historique savoir qui Ă©tait le masque de fer importe peu Ă la connaissance historique, mĂȘme si lâon peut Ă©crire un texte trĂšs neuf sur le masque de fer comme symbole, en le replaçant dans la sĂ©rie des prisonniers majeurs et des usages de la mise au secret, ce qui serait un sujet historique important.[âŠ] Que lâhistorien soit de son temps et de son pays et quâil sâadresse Ă ses contemporains ici et maintenant lâoblige, sâil veut trouver des lecteurs, Ă sâinterroger sur la pertinence sociale de ses sujets. Il en est dâinsignifiants et de futiles, et dâautres majeurs. Câest souvent la diffĂ©rence entre la littĂ©rature de gare et lâhistoire 8Aujourdâhui, la dĂ©marche de lâhistorien et celle du romancier paraissent donc symĂ©triquement opposĂ©es le fait curieux est aux yeux du premier une donnĂ©e Ă insĂ©rer dans une sĂ©rie tandis que le second, mĂȘme sâil ne verse pas dans la littĂ©rature de gare, y voit une anecdote exemplaire mĂ©ritant de subir une hypertrophie narrative. 9Au XXe siĂšcle, lâHistoire a donc tournĂ© le dos Ă lâindividu, au cas particulier et unique pour se pencher sur de vastes sĂ©ries, creusant ainsi la distance qui la sĂ©parait des rĂ©cits imaginaires. Cependant les mĂ©thodes inaugurĂ©es par la micro-histoire indiquent que ce mouvement nâest pas indispensable Ă lâobjectivitĂ© scientifique de la discipline historique. En sâintĂ©ressant au meunier Menocchio, ĂȘtre unique mais assez marginal dont la biographie ne pouvait illustrer ni de vastes phĂ©nomĂšnes sociaux ni servir la Grande Histoire, Carlo Ginzburg a dĂ©montrĂ© tout lâenseignement historique que lâon pouvait tirer de la parole dâun homme du peuple. DĂ©fendant un tel procĂ©dĂ©, lâhistorien suggĂšre quâil existe des motivations idĂ©ologiques au choix de la mĂ©thode historique, aussi pertinente soit-elle 5 Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers. Lâunivers dâun meunier du XVIe siĂšcle, Paris, Aubier, 198 ... Quand des Ă©quipes entiĂšres de chercheurs se lancent dans dâimmenses entreprises dâhistoire quantitative des idĂ©es ou dâhistoire religieuse sĂ©rielle, proposer une enquĂȘte minutieuse sur un meunier peut sembler paradoxal et absurde [âŠ]. Il est symptomatique que la possibilitĂ© mĂȘme dâune pareille enquĂȘte ait Ă©tĂ© exclue dâavance par quelquâun qui, comme F. Furet, a soutenu que la rĂ©intĂ©gration des classes infĂ©rieures dans lâhistoire gĂ©nĂ©rale ne peut se faire que sous le signe du nombre et de lâanonymat », Ă travers la dĂ©mographie et la sociologie, et lâĂ©tude quantitative des sociĂ©tĂ©s du passĂ© ». MĂȘme si les historiens ne les ignorent plus, les classes infĂ©rieures seraient de toute façon condamnĂ©es Ă rester silencieuses ».5 10Plus loin, Carlo Ginzburg indique que dans certains cas lâindividu mĂ©diocre peut renseigner sur un groupe social 6 Ibidem., p. 16. Des Ă©tudes biographiques ont dĂ©montrĂ© que chez un individu mĂ©diocre, en lui-mĂȘme privĂ© de relief et pour cette raison prĂ©cisĂ©ment reprĂ©sentatif, on peut observer comme dans un microcosme les caractĂ©ristiques dâune entiĂšre couche sociale Ă une Ă©poque historique donnĂ©e [âŠ].6 11Câest dire que la micro-histoire nâabandonne pas la sĂ©rie pour retourner au grand homme visĂ© par lâhistoire traditionnelle. Elle se penche plutĂŽt sur lâinsignifiant parce quâen tant que tel, il exprime la moyenne des choses banales. Ă ce stade, observons quâune concordance singuliĂšre se fait jour entre la question soulevĂ©e par la place de lâindividu et du sujet en Histoire et celle touchant au personnage romanesque et Ă la rĂšgle littĂ©raire des styles. Selon cette derniĂšre, dont Erich Auerbach a analysĂ© les fluctuations au cours des siĂšcles, le grave, le tragique, le grand personnage ne sauraient Ă lâorigine ĂȘtre dĂ©crits que par un discours aristocratique excluant le laid et le misĂ©rable. Ă lâinverse, la rĂ©alitĂ© crue et les personnages vils ne peuvent prĂȘter quâĂ la comĂ©die. En comparant son art Ă ceux de Boileau ou de MoliĂšre, Auerbach dĂ©crit comment La BruyĂšre dĂ©jĂ renonce Ă la rĂšgle des styles pour dĂ©crire le misĂ©rable sĂ©rieusement 7 Erich Auerbach, MimĂ©sis, la reprĂ©sentation de la rĂ©alitĂ© dans la littĂ©rature occidentale, Paris, ... Des pensĂ©es de cet ordre ne viennent ni Ă MoliĂšre ni Ă Boileau, et lâun comme lâautre se garderait de les exprimer. Elles transgressent les limites de ce que Boileau nomme lâagrĂ©able et le fin ; non pas parce quâelles constituent de grands sujets elles ne sont pas cela, dans lâoptique du siĂšcle, mais parce que, traitant dâun sujet quotidien et contemporain dâune maniĂšre trop concrĂšte et sĂ©rieuse, elles lui confĂšrent plus de poids que ne le permet lâ 12Si la grande histoire du XIXe siĂšcle sâintĂ©resse Ă des hĂ©ros Ă caractĂšre Ă©pique, lâhistoire des sĂ©ries annule lâindividu Ă la façon du nouveau roman tandis que la micro-histoire exhume des anti-hĂ©ros absolus. Et quel hĂ©ros est-il plus anti » que celui du polar ? LĂ oĂč lâon croyait voir surgir de profondes divergences entre lâhistorien et le romancier contemporains se dressent de nouvelles passerelles, chacun en effet Ă©tant tributaire des reprĂ©sentations intellectuelles produites par la sociĂ©tĂ© Ă laquelle il appartient et qui attribuent Ă lâindividu, soit-il sujet historique ou personnage de fiction, des caractĂšres dĂ©terminĂ©s. Histoire lointaine et expĂ©rience rĂ©cente 8 Que ce soit Ă travers la consultation de manuels savants ou en actualisant lâimprĂ©gnation que lâh ... 13Ces nouvelles analogies admises, il faudra chercher ailleurs la distance indispensable au maintien diffĂ©rentiel de ces deux formes de rĂ©cit. Constatons Ă ce propos que le romancier ne peut lire lâhistoire que dans le travail des historiens8 oĂč il puise des informations quâil réélabore quelquefois au point de les rendre mĂ©connaissables. On dira dĂšs lors â et dans ce rapport de succession se trouve une diffĂ©rence indiscutable â que la recherche historique prĂ©cĂšde lâĆuvre de fiction. LâHistoire se prĂ©sente donc comme un rĂ©cit maĂźtre et la fiction historique comme son commentaire ou comme le jeu des variations poĂ©tiques pouvant lui ĂȘtre appliquĂ©es. Ainsi, lorsque Di Benedetto Ă©crit Zama 1956, il a certainement sous la main un certain nombre de donnĂ©es provenant dâĂ©laborations historiographiques diverses qui lui permettent de verser la trame fictionnelle dans un contexte historique prĂ©cis, celui de la vice-royautĂ© du RĂo de La Plata. Dans les nations comme lâArgentine oĂč le culte des hĂ©ros et des grands gestes fondateurs est transmis aux enfants dĂšs lâĂ©cole primaire, lâintĂ©riorisation de cette histoire officielle est sans doute un fait Ă considĂ©rer dans la genĂšse des rĂ©cits historiques produits par les romanciers. Dans tous les cas cependant, lâĂ©crivain est redevable Ă lâHistoire des figures quâil met en scĂšne. Mais que penser Ă lâinverse des rĂ©cits qui rapportent des Ă©vĂ©nements rĂ©cents dont lâauteur lui-mĂȘme aura pu ĂȘtre tĂ©moin ou acteur ? Quand il sâagit de faits problĂ©matiques inscrits dans un contexte de crise que lâhistorien du temps prĂ©sent ne peut observer avec toute la sĂ©rĂ©nitĂ© nĂ©cessaire Ă sa recherche, alors le travail fictionnel est en mesure de jouer un rĂŽle inaugural. Lâexemple dâun tel phĂ©nomĂšne se trouve dans lâArgentine soumise, de 1976 Ă 1983, Ă la dictature militaire. Sous les effets de la censure et de la rĂ©pression, alors que les Ă©crivains pouvaient encore recourir Ă la mĂ©taphore pour avancer les premiers Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension de la rĂ©alitĂ© politique, les historiens Ă©taient dans lâincapacitĂ© de proposer une analyse critique qui risquait dâĂ©veiller la mĂ©fiance trĂšs rĂ©active dâautoritĂ©s paranoĂŻaques. Lisons ce quâĂ©crit AndrĂ©s Avellaneda Ă propos de la littĂ©rature argentine de cette Ă©poque 9 Para pensar la narrativa argentina en el marco de la dictadura militar terrorista conviene inve ... Pour envisager la fiction argentine dans le cadre de la dictature militaire terroriste, il convient dâinverser les termes de la relation entre les textes et lâhistoire cette derniĂšre nâest pas un rĂ©cit tuteur qui gĂ©nĂšre les premiers, mais au contraire, la comprĂ©hension des faits que nous appelons histoire dĂ©pend probablement des formes de textualisation que nous nommons littĂ©rature. LâĂ©tape sinistre de la dictature [âŠ] reste vide de sens jusquâĂ ce que les inscriptions symboliques des discours viennent la remplir [...].9 14Câest Ă ce travail de comprĂ©hension que vont procĂ©der des auteurs comme JosĂ© Pablo Feinmann ou Ricardo Piglia en employant le registre policier pour rendre compte de la violence politique exercĂ©e par la dictature. Relevons ces propos de Feinmann 10 [âŠ] a partir del golpe militar no se podĂa publicar nada que oliera mĂnimamente a intercambio d ... [âŠ] Ă partir du coup dâĂ©tat militaire on ne pouvait rien publier qui ressemblĂąt de prĂšs ou de loin Ă un Ă©change dâidĂ©es. Je songeai alors quâil fallait publier au moins quelque chose qui rendĂźt compte des Ă©preuves traversĂ©es par ma gĂ©nĂ©ration la violence effrĂ©nĂ©e. Câest comme ça que sâimpose le roman policier ; le crime y est inhĂ©rent au genre, lâassassinat fait partie de sa lĂ©galitĂ© interne. Câest le genre idĂ©al pour parler du crime et de la violence [âŠ].10 11 Voir Tulio HalperĂn Donghi, El presente transforma el pasado el impacto del reciente terror e ... 15On peut dĂ©duire de lâensemble de ces rĂ©flexions que le roman argentin, et en particulier le roman policier, a permis de rendre compte des traits les plus problĂ©matiques de lâhistoire immĂ©diate avant toute autre discipline. Ă ce titre, il est intĂ©ressant de noter lâintĂ©rĂȘt que lâhistorien Tulio HalperĂn Donghi a portĂ© Ă la littĂ©rature de cette pĂ©riode au moment oĂč, la dĂ©mocratie restaurĂ©e, il devenait possible de retrouver la distance objective nĂ©cessaire Ă lâanalyse historique11. De lâexpĂ©rience individuelle Ă lâexpĂ©rience collective 16Cette rĂ©versibilitĂ© des rapports de comprĂ©hension entre Histoire et fiction appliquĂ©e aux Ă©vĂ©nements rĂ©cents ne doit pas conduire Ă confondre les pĂ©ripĂ©ties fictionnelles et celles historiques rapportĂ©es par le roman. Le lecteur bien renseignĂ© et possĂ©dant une encyclopĂ©die historique convenable saura en effet distinguer ces deux catĂ©gories. Si quelques doutes subsistent, le recours Ă un manuel permettra de dĂ©partager lâinvention pure de la documentation vraie ; Ă moins que lâauteur lui-mĂȘme ne prenne soin de vanter lâexactitude des faits racontĂ©s. Mais cette dĂ©marche, quand elle se trouve dans un roman policier, est suspecte. Dans Plata quemada 1997 par exemple, Ricardo Piglia prĂ©sente comme vrais des Ă©vĂ©nements imaginaires. Câest dâailleurs le propre de tels rĂ©cits â depuis quâEdgar Allan Poe a fait paraĂźtre vĂ©ridique lâaffaire de la rue Morgue en citant une certaine Gazette des tribunaux â que dâinsister, au moyen de lâarticle de journal, sur la rĂ©alitĂ© des faits criminels qui y sont dĂ©crits. 17Cette illusion du rĂ©el constamment entretenue par le roman policier pose le problĂšme de lâhistoricitĂ© des faits rapportĂ©s par la fiction puisque le roman dĂ©signe comme agents, acteurs ou victimes des Ă©vĂ©nements quâil choisit dâillustrer, des personnages auxquels il attribue des prĂ©dicats dĂ©terminĂ©s, comment les Ă©vĂ©nements vĂ©cus par ces personnages dans leur sphĂšre individuelle peuvent-ils ĂȘtre reconnus par le lecteur comme historiques » ? Il sâagit dâĂ©voquer ici le passage de lâexpĂ©rience individuelle Ă lâexpĂ©rience collective, le moment oĂč lâaventure dâun individu, mĂȘme fictionnel, sâinscrit dans lâaventure collective dâune nation telle quâelle est documentĂ©e par la chronique historique. Pour susciter ce glissement, suffit-il Ă lâĂ©crivain de dresser une toile de fond, la toile des faits collectifs et politiques, sur laquelle le vĂ©cu de chaque personnage se dĂ©tacherait ? Câest effectivement ce que font certains auteurs. Cependant, plutĂŽt que de constituer deux rĂ©cits parallĂšles, ils prĂ©fĂšrent souvent instaurer des plans convergents qui produisent, Ă certains moments clĂ©s et au dĂ©nouement en particulier, la rencontre du personnage et de lâĂ©vĂ©nement historique. Tel est le cas dâun modĂšle du roman français, Les Thibault, qui dĂ©crit dâabord la vie des frĂšres dans le cadre de la famille et des proches, et finit par raconter comment lâHistoire les engloutit dans le sacrifice insensĂ© de la Grande Guerre. Dans ce procĂ©dĂ©, Ă©galement fonctionnel dans La casa de los espĂritus 1982 dâIsabel Allende ou El siglo de las luces 1962 dâAlejo Carpentier, lâHistoire est observĂ©e comme une fatalitĂ© meurtriĂšre, et le meurtre dont il est question est collectif. 18Donc, dâun cĂŽtĂ© le personnage dans son cadre de vie habituel, dĂ©limitĂ©, dâun autre lâabstraction des grands Ă©vĂ©nements historiques, et au bout du rĂ©cit la rencontre des deux par la matĂ©rialisation du fait historique dans lâexistence du personnage qui le subit comme un dĂ©sastre. Malheureusement, ces observations ne peuvent sâappliquer de façon identique Ă la saga familiale et au roman policier. Si dans le domaine de la rĂ©alitĂ© objective lâHistoire consiste Ă dĂ©crire une communautĂ© Ă un moment donnĂ© de son dĂ©veloppement, la fresque familiale est en mesure dâen faire autant dans le domaine de la fiction, la famille Ă©tant une sorte de microcosme social qui peut rendre compte des Ă©volutions Ă travers la succession gĂ©nĂ©rationnelle. Rien de plus naturel alors que dâinscrire la saga dans lâHistoire. La rencontre de lâexpĂ©rience individuelle des personnages avec lâĂ©vĂ©nement historique y devient un aboutissement logique. 19Sans doute, des romans comme RespiraciĂłn artificial de Ricardo Piglia et Papel picado de Rolo Diez sâefforcent-ils de conjuguer lâaspect gĂ©nĂ©rationnel au roman noir, dâoĂč le souci dây rendre compte dâhĂ©ritages intellectuels ou familiaux par ailleurs assez chaotiques. Mais en principe le rĂ©cit policier est Ă lâopposĂ© du modĂšle offert par la saga familiale. Ses personnages sont des solitaires, des marginaux, et cela est vrai aussi bien pour lâenquĂȘteur que pour le criminel ou la victime. MĂȘme si lâon ne manque pas de rĂ©pĂ©ter que le roman noir offre une radiographie de la sociĂ©tĂ©, son aspect documentaire est si brutalement exposĂ© quâil a rarement assez de profondeur pour autoriser une comprĂ©hension historique complexe. Aussi les motivations et les mouvements des personnages y sont-ils souvent secrets, impossibles Ă corrĂ©ler Ă une vaste action collective. ExpĂ©rience collective et perception publique du crime 20Il faut constater quâĂ lâencontre de cette derniĂšre affirmation, le rĂ©cit romanesque latino-amĂ©ricain lie souvent crime et Histoire en sâintĂ©ressant Ă la conspiration politique. DĂšs 1851, Amalia de JosĂ© MĂĄrmol inaugure un rĂ©cit de conjuration qui atteindra avec Los siete locos 1929 de Roberto Arlt un haut degrĂ© de pertinence esthĂ©tique. Avec La ciudad ausente 1992, Ricardo Piglia, qui ne cache pas sa dĂ©votion envers Roberto Arlt, Ă©labore le rĂ©cit dâune machination fantastique dans lequel lâHistoire nâest plus seulement utilisĂ©e comme catalogue oĂč puiser des anecdotes mais comme discipline intellectuelle gĂ©nĂ©rant des discours idĂ©ologiques, enjeux de la lutte qui oppose lâautoritĂ© aux Ă©lĂ©ments subversifs. Plus rĂ©cemment encore, La fiesta del Chivo 2000 de Vargas Llosa montre que lâatmosphĂšre policiĂšre suggĂ©rĂ©e par le complot politique parvient Ă soutenir un rĂ©cit historique. Mais ces romans sont-ils encore, Ă proprement parler, des romans policiers ? Le caractĂšre vaste et indĂ©terminĂ© avec lequel la fiction mĂ©diatise le crime peut conduire Ă embrasser trop largement lâensemble des rĂ©cits criminels en leur attribuant artificiellement lâĂ©tiquette de romans policiers. Or il est difficile dâĂ©chapper Ă cette difficultĂ© depuis que la littĂ©rature savante sâest saisie du genre policier, non pour sây fondre entiĂšrement, mais afin de lâarticuler de façon dynamique Ă dâautres modalitĂ©s dâĂ©critures. Ce mouvement caractĂ©rise le souci, maintenant bien documentĂ© et incarnĂ© entre autres par Manuel Puig ou Ricardo Piglia, de verser des modes considĂ©rĂ©s comme marginaux cinĂ©ma populaire, feuilleton⊠dans des rĂ©cits savants ayant recours Ă lâhybridation des genres et des modes, Ă la fragmentation narrative et Ă lâexpansion du plurilinguisme. Nous pouvons conjecturer que cette Ă©volution a rĂ©troagi sur le regard que lâon portait sur le roman policier, dâune part en lâanoblissant, dâautre part en contribuant Ă confondre ses frontiĂšres gĂ©nĂ©riques. Ces modifications ont affectĂ© lâĂ©quilibre du systĂšme architextuel traditionnel et entretiennent la confusion dont nous hĂ©ritons aujourdâhui, confusion qui a le mĂ©rite au moins de stimuler notre rĂ©flexion. Acceptons donc lâidĂ©e que le rĂ©cit policier rencontre une de ses nombreuses formes de matĂ©rialisation dans le rĂ©cit de conjuration. Lorsque grĂące Ă ce dernier le crime nâest plus une affaire de passions ou de dĂ©sirs privĂ©s mais une affaire politique, le destin de lâindividu qui y est impliquĂ© devient solidaire de celui de la nation. DĂšs lors lâexpĂ©rience reprĂ©sentĂ©e par un personnage dĂ©terminĂ© se mĂȘle au fait historique et Ă lâexpĂ©rience collective. Dans Structure du fait divers », Roland Barthes oppose justement le meurtre politique au fait divers 12 Roland Barthes, Structure du fait divers », Essais critiques, Paris, Ă©ditions du Seuil, 1964, p ... Voici un assassinat sâil est politique, câest une information, sâil ne lâest pas, câest un fait divers. [âŠ] Cette diffĂ©rence apparaĂźt tout de suite lorsque lâon compare nos deux assassinats ; dans le premier lâassassinat politique, lâĂ©vĂ©nement le meurtre renvoie nĂ©cessairement Ă une situation extensive qui existe en dehors de lui, avant lui et autour de lui la politique » ; lâinformation ne peut ici se comprendre immĂ©diatement, elle ne peut ĂȘtre dĂ©finie quâĂ proportion dâune connaissance extĂ©rieure Ă lâĂ©vĂ©nement, qui est la connaissance politique [âŠ]. [Lâassassinat politique] nâest jamais que le terme manifeste dâune structure implicite qui lui prĂ©existe pas dâinformation politique sans durĂ©e, car la politique est une catĂ©gorie trans-temporelle [âŠ].12 21Lâinscription du crime politique dans lâhistoire tient donc de la nĂ©cessitĂ© alors que 13 Ibidem., p. 189. le fait divers, au contraire, est une information totale, ou plus exactement, immanente ; il contient en soi tout son savoir point besoin de connaĂźtre rien du monde pour consommer un fait divers [âŠ].13 22Ce souci de remonter les causes historiques du crime politique afin de le comprendre anime en particulier RespiraciĂłn artificial de Ricardo Piglia qui dĂ©crit le destin de gĂ©nĂ©rations entiĂšres de proscrits argentins celle de 1837 aussi bien que celle de 1976 Ă travers des personnages dont la marginalitĂ© permet dâĂ©voquer une histoire hĂ©tĂ©rodoxe, opposable Ă lâhistoire officielle. 23Ă ce stade, nous ne pouvons nous arrĂȘter Ă ces considĂ©rations sans Ă©voquer lâinstrument indispensable Ă lâenregistrement de cette expĂ©rience collective la mĂ©moire. Ă son sujet, Paul RicĆur Ă©crit 14 Paul RicĆur, La mĂ©moire, lâhistoire, lâoubli, Paris, Ă©ditions du Seuil, 2000, p. 161. Entre les deux pĂŽles de la mĂ©moire individuelle et de la mĂ©moire collective, nâexiste-t-il pas un plan intermĂ©diaire de rĂ©fĂ©rence oĂč sâopĂšrent concrĂštement les Ă©changes entre la mĂ©moire vive des personnes individuelles et la mĂ©moire publique des communautĂ©s auxquelles nous appartenons ? Ce plan est celui de la relation aux proches, Ă qui nous sommes en droit dâattribuer une mĂ©moire dâun genre 24Cette idĂ©e de proximitĂ© et donc de transfert par palier de lâindividu Ă la communautĂ© permet de prĂ©ciser les opĂ©rations nĂ©cessaires au partage de la mĂ©moire qui donneront forme Ă lâexpĂ©rience collective. Trois de ces opĂ©rations sont facilement discernables 1 celle produite par la compassion, 2 celle produite par la gĂ©nĂ©ralisation, et 3 celle de retour vers les origines qui aboutit Ă la construction dâune image des ancĂȘtres communs. 25La capacitĂ© Ă compatir indique mon aptitude Ă partager, virtuellement, lâexpĂ©rience dâautrui, expĂ©rience que je peux ne pas avoir vĂ©cu. Ce mouvement de moi vers lâautre porte en germe lâidĂ©e de souci collectif. Il indique que je suis capable dâĂ©laborer une construction discursive qui mâautorise Ă mâapproprier cette expĂ©rience Ă©trangĂšre. Mais si je compatis, câest que lâon mâinspire, Ă moi, de la compassion dans un processus dynamique dâĂ©change et de dialogue. Observons enfin que le sentiment de compassion, sâil est encouragĂ© par un contexte social conflictuel, conduira Ă lâengagement. Ce dernier stimulera la recherche des rĂ©ponses idĂ©ologiques qui permettront de combattre certaines idĂ©es gĂ©nĂ©ratrices dâiniquitĂ©s et de mettre un terme Ă la souffrance collective. 26Au moyen de la gĂ©nĂ©ralisation, un fait particulier est rapportĂ© Ă dâautres faits similaires jusquâĂ composer une sĂ©rie vaste et reprĂ©sentative dâun fait de sociĂ©tĂ©, par exemple la rĂ©cente et mĂ©diatique affaire Cantat-Trintignant rapportĂ©e Ă la catĂ©gorie sociologique femme battue et homme violent ». Notons quâil est peu probable quâau XVIIe siĂšcle on ait eu conscience de lâexistence dâune telle catĂ©gorie, quand bien mĂȘme de nombreuses femmes fussent battues. Le systĂšme de gĂ©nĂ©ralisation dĂ©pendra donc du regard social tel quâil est formĂ© â pour chaque pĂ©riode â par les modalitĂ©s de production des opinions publiques. 27Compassion et gĂ©nĂ©ralisation permettent de transposer des phĂ©nomĂšnes individuels en phĂ©nomĂšnes collectifs. Elles rendent communs Ă tous les membres prĂ©sents de la communautĂ© lâensemble de leurs ancĂȘtres, dâautant que la distance temporelle finit par fondre lâhistoire des origines familiales dans lâindĂ©termination de lâhistoire collective. De plus, la compassion ouvre Ă la comprĂ©hension de lâexpĂ©rience des temps passĂ©s ainsi quâĂ la possibilitĂ© de la raconter. En ce sens il est frappant de voir comment les reprĂ©sentations historiques adressĂ©es au grand public sâefforcent de rapprocher, par la description de la vie quotidienne, lâexpĂ©rience des ancĂȘtres Ă la nĂŽtre. Câest dans le passage du singulier au pluriel, sous les effets de la gĂ©nĂ©ralisation et de la compassion, quâapparaĂźt au jour la possibilitĂ© de mettre en mĂ©moire et de raconter une histoire collective. 15 Au sujet de lâĂ©vĂ©nement, et plus prĂ©cisĂ©ment du fait divers, voir encore Roland Barthes, Struct ... 28Le journalisme a montrĂ© depuis longtemps que les rĂ©cits de crimes, en tant quâĂ©vĂ©nements inspirant de la compassion et ayant une signification sociale pouvant soutenir le processus de gĂ©nĂ©ralisation, bĂ©nĂ©ficiaient dâune vaste rĂ©ception populaire. Lâimportance que la communautĂ© attribue Ă chaque victime particuliĂšre et Ă son bourreau, affectĂ©e du trouble suscitĂ© par les circonstances du crime, tout cela dĂ©termine la portĂ©e publique de lâĂ©vĂ©nement criminel. Ainsi, si un coup de couteau dans le ventre dâune prostituĂ©e ne suscitera malheureusement guĂšre dâintĂ©rĂȘt, par contre la boucherie minutieuse subie par plusieurs dâentre elles a donnĂ© naissance au sinistre mythe de Jack lâĂventreur. Pensons Ă©galement aux affaires Carlos MonzĂłn â cĂ©lĂšbre boxeur argentin qui dĂ©fenestra sa femme â et O. J. Simpson â populaire joueur de base-ball nord-amĂ©ricain soupçonnĂ© dâavoir tuĂ© sa femme et son amant â largement mĂ©diatisĂ©es du fait de la notoriĂ©tĂ© des assassins. Pour quâil y ait donc Ă©vĂ©nement dans le domaine du crime, il faut respecter un dosage, sans doute variable mais oĂč il est impossible que tous les ingrĂ©dients soient en quantitĂ© minimale, entre le nombre de victimes, leur importance sociale, la cĂ©lĂ©britĂ© du bourreau et le degrĂ© dâaberration de lâassassinat. Ce sont ces mĂȘmes ingrĂ©dients qui rendront le rĂ©cit journalistique du meurtre plus ou moins intĂ©ressant. On peut donc conclure quâil y a Ă©vĂ©nement criminel quand il y a possibilitĂ© dâen tirer un rĂ©cit captivant15. Cependant, si Ă lâorigine du genre littĂ©raire policier lâextrĂȘme singularitĂ© des affaires criminelles Ă©tait affichĂ©e pour justifier quâelles servent de sujet au rĂ©cit, depuis lâapparition du roman noir lâintĂ©rĂȘt ne porte plus sur le crime lui-mĂȘme, souvent assez banal, mais sur son contexte social ainsi que sur une galerie de personnages forts et ambiguĂ«s Marlow, Spade, HammerâŠ, impliquĂ©s dans des duels souvent picaresques. 29Observons que le roman latino-amĂ©ricain, en sâintĂ©ressant au crime dâĂtat, se rĂ©fĂšre Ă des Ă©vĂ©nements criminels rĂ©els oĂč les victimes sont nombreuses. Nous nous trouvons alors dans un systĂšme oĂč presque tous les ingrĂ©dients nĂ©cessaires Ă la narrativitĂ© du crime se trouvent Ă un degrĂ© maximal trĂšs grande quantitĂ© de victimes 30 000 pour lâArgentine entre 1976 et 1983, notoriĂ©tĂ© des bourreaux gĂ©nĂ©raux, amiraux, prĂ©sidents⊠et atrocitĂ© du modus operandi sĂ©questrations barbares, tortures sauvages, enlĂšvement dâenfantsâŠ. Bien entendu le roman, Ă lâinverse du manuel dâhistoire, ne traitera ce crime collectif quâĂ travers lâĂ©chantillon, mais le lecteur ne manquera jamais dâavoir en tĂȘte le contexte gĂ©nĂ©ral dont Roland Barthes disait quâil Ă©tait indispensable Ă la comprĂ©hension du crime politique. Estrella distante 1996 de Roberto Bolaño joue adroitement sur ce mode en insĂ©rant le parcours dâun bourreau particulier et de quelques unes de ses victimes dans le projet global de rĂ©pression Ă©laborĂ© par lâĂtat chilien. Conclusion le crime politique dans le roman argentin 16 Quino, Bien chez soi, Luçon, Ăditions Jacques GlĂ©nat, 1979, p. 39. 30La particularitĂ© du crime dâĂtat, par rapport au crime crapuleux, câest quâil inverse les termes habituels de valorisation propres Ă la littĂ©rature policiĂšre ordinaire. Les institutions officielles, la police et lâarmĂ©e ne sont plus des forces protectrices mais des puissances criminelles. La victime est un marginal, condamnĂ© Ă la clandestinitĂ©. Ni el tiro del final 1981 de JosĂ© Pablo Feinmann illustre ce renversement en dĂ©crivant la collusion entre militaires gradĂ©s et trafiquants de haut vol. Par ailleurs, comme le montre Quino en confrontant Sherlock Holmes au meurtre de masse16, les preuves et les indices du crime dâĂtat appartiennent au domaine doctrinaire plutĂŽt quâau domaine matĂ©riel et seront recueillis par une analyse du discours ou dĂ©noncĂ©s au moyen de la mĂ©taphore. Câest ainsi que Piglia dĂ©busque le crime totalitaire dans RespiraciĂłn artificial oĂč la rĂ©pression dictatoriale est indirectement Ă©voquĂ©e par lâanalyse rĂ©pĂ©tĂ©e de discours littĂ©raires et de discours nazis, mis en relation Ă©troite. Faute dâempreinte digitale, la preuve de lâassassinat de masse est apportĂ©e par un Kafka ayant eu la prĂ©monition du gĂ©nocide raciste, et un Hitler exaltĂ© dictant Mein Kampf Ă ses disciples. 17 Câest par cette expression anglo-saxonne que JosĂ© Emilio Pacheco caractĂ©rise le rĂ©cit de Walsh. J ... 31Aussi, lâidĂ©ologie, qui apparaissait dans les romans policiers traditionnels comme une couche secondaire, surgit-elle Ă la surface de ces Ćuvres saisissant politique et Histoire comme sujets centraux. Ce nĆud idĂ©ologique peut se resserrer davantage encore du fait que la compassion suscite lâĂ©veil et lâengagement politique. Il sâensuit que lâĂ©criture devient souvent le rĂ©sultat dâune nĂ©cessitĂ© urgente et scandalisĂ©e Ă tĂ©moigner contre les abus criminels du pouvoir. Telle est par exemple la motivation qui gouverne OperaciĂłn masacre 1957 de Rodolfo Walsh, prototype de non-fiction novel »17 qui dĂ©nonce sur le mode de lâenquĂȘte journalistique un vrai crime planifiĂ© par les autoritĂ©s. 32Quasiment depuis ses origines, la littĂ©rature argentine attribue Ă la violence un caractĂšre politique qui permet Ă lâauteur dâafficher la dĂ©termination de son engagement. Ainsi en est-il de la dĂ©nonciation des fĂ©dĂ©raux dans Amalia de JosĂ© MĂĄrmol, de celle des autoritĂ©s dans lâĆuvre de Roberto PayrĂł, de Eduardo GutiĂ©rrez ou de JosĂ© HernĂĄndez, de celle de la police antipĂ©roniste dans AdĂĄn Buenosayres 1948 de Leopoldo Marechal, de celle des militaires dans OperaciĂłn masacre de Rodolfo Walsh ou Cuarteles de invierno 1983 de Osvaldo Soriano⊠Ces romans produisent un systĂšme de dĂ©nonciation qui encourage le lecteur Ă prendre partie pour un personnage contre les autres le juste contre lâinjuste, lâintĂšgre contre le corrompu, lâhonnĂȘte contre le malhonnĂȘte, le courageux solitaire contre les puissants abusifs et lĂąches, le martyr contre les bourreaux⊠La valorisation dichotomique du rĂ©seau actantiel, de mĂȘme quâelle rappelle celle en Ćuvre dans le roman policier traditionnel, sâinscrit dans le dĂ©bat politique et fait de lâHistoire un champ de bataille. De façon inaugurale, El matadero » dâEsteban EcheverrĂa qui raconte le meurtre dâun vertueux unitaire par des fĂ©dĂ©raux barbares signifie bien, dĂšs la premiĂšre phrase, ce rapport entre violence, politique et Histoire 18 A pesar de que la mĂa es historia, no la empezarĂ© por el arca de NoĂ© y la genealogĂa de sus asc ... Bien que ce rĂ©cit appartienne Ă lâhistoire, je ne lâouvrirai pas en remontant Ă lâarche de NoĂ© ni Ă la gĂ©nĂ©alogie de ses ascendants comme avaient coutume de le faire les anciens historiens espagnols dâAmĂ©rique qui doivent nous servir dâ 33Le premier grand rĂ©cit fictionnel de la littĂ©rature argentine Ă©tablit un prĂ©cĂ©dent qui sâĂ©rigera bientĂŽt en archĂ©type. Le scandale produit par lâabus de pouvoir, la compassion envers une victime dont les qualitĂ©s intellectuelles et morales facilitent lâidentification au lecteur, la diabolisation des bourreaux selon des procĂ©dĂ©s trĂšs divers qui vont de la dĂ©nonciation directe, prĂ©sente dans lâĆuvre de Soriano, Ă celle mĂ©taphorique de Piglia, le meurtre impuni qui dĂ©noue un rĂ©cit pessimiste... tels sont les caractĂšres qui dominent un roman argentin imprĂ©gnĂ© par le discours gĂ©nĂ©rique propre au rĂ©cit policier. Ils dĂ©terminent une vision criminelle de lâHistoire argentine dont ils rapportent la violence, les injustices et les conflits sanglants. Rappelons, pour conclure, cette affirmation de Roberto Anglade 19 En paĂses como el nuestro, la polĂtica no ha sido casi nunca un asunto civilizado ; en vez de e ... Dans des pays comme le nĂŽtre, la politique nâa presque jamais Ă©tĂ© une affaire civilisĂ©e ; au lieu de lâĂ©tudier depuis un canon culturel, il faudrait la considĂ©rer comme un chapitre du crime affirme Roberto Anglade. Haut de page Notes 1 Propos recueillis par François GuĂ©rif, Magazine littĂ©raire, n° 344, juin 1996, pp. 53-54. 2 Voir Claude LĂ©vi-Strauss, La pensĂ©e sauvage, Paris, Librairie Plon, 1985, pp. 306-307 et Roland Barthes, Le bruissement de la langue, Paris, Ăditions du Seuil, 1984, p. 166. 3 El matadero » fut probablement Ă©crit en 1839 mais publiĂ© en 1871. 4 Antoine Prost, Les pratiques et les mĂ©thodes », Sciences humaines, Hors sĂ©rie, n° 18, septembre/octobre 1997, pp. 9-10. 5 Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers. Lâunivers dâun meunier du XVIe siĂšcle, Paris, Aubier, 1980, traduit de lâitalien par Monique Aymard, p. 15. 6 Ibidem., p. 16. 7 Erich Auerbach, MimĂ©sis, la reprĂ©sentation de la rĂ©alitĂ© dans la littĂ©rature occidentale, Paris, Gallimard, 1968, traduit de lâallemand par Cornelius Heim, p. 371. 8 Que ce soit Ă travers la consultation de manuels savants ou en actualisant lâimprĂ©gnation que lâhistoire officielle exerce sur la culture des citoyens grĂące Ă lâinstruction scolaire et au discours dominant. 9 Para pensar la narrativa argentina en el marco de la dictadura militar terrorista conviene invertir los tĂ©rminos de la relaciĂłn entre los textos y la historia no es Ă©sta un relato maestro que provoque la gĂ©nesis de aquellos, sino que, por el contrario, es muy posible que de las textualizaciones que llamamos literatura dependa la comprensiĂłn de los hechos que denominamos historia. La siniestra etapa de la dictadura [âŠ] es un sentido que permanece vacante hasta que empieza a ser llenado por las inscripciones simbĂłlicas de los discursos [âŠ]. » AndrĂ©s Avellaneda, Lecturas de la historia y lecturas de la literatura en la narrativa argentina de la dĂ©cada del ochenta », in Adriana Bergero et Fernando Reati Ă©d., Memoria colectiva y polĂticas del olvido. Argentina y Uruguay, 1970-1990, Buenos Aires, Beatriz Viterbo Editora, 1997, p. 141. Câest moi qui traduis, de mĂȘme que les autres citations tirĂ©es dâauteurs argentins. 10 [âŠ] a partir del golpe militar no se podĂa publicar nada que oliera mĂnimamente a intercambio de ideas. Entonces pensĂ© que algo tenĂa que escribir, pero algo que diera testimonio de lo que habĂa padecido mi generaciĂłn la violencia desenfrenada. Y aparece la novela policial ; en ella el crimen es inherente al gĂ©nero, el asesinato forma parte de su legalidad interna. Es el gĂ©nero ideal para hablar del crimen y la violencia [âŠ] ». Any Ventura, Todo lo que es quĂmica es polĂtica. DiĂĄlogo con el narrador JosĂ© Pablo Feinmann », ClarĂn, supplĂ©ment Cultura y NaciĂłn, 12/8/1982, pp. 2-3. 11 Voir Tulio HalperĂn Donghi, El presente transforma el pasado el impacto del reciente terror en la imagen de la historia argentina », in HernĂĄn Vidal et RenĂ© Jara Ă©d., FicciĂłn y polĂtica, la narrativa argentina durante el proceso militar, Buenos Aires, Alianza Estudio, 1987, p. 71-95. 12 Roland Barthes, Structure du fait divers », Essais critiques, Paris, Ă©ditions du Seuil, 1964, pp. 188-189. 13 Ibidem., p. 189. 14 Paul RicĆur, La mĂ©moire, lâhistoire, lâoubli, Paris, Ă©ditions du Seuil, 2000, p. 161. 15 Au sujet de lâĂ©vĂ©nement, et plus prĂ©cisĂ©ment du fait divers, voir encore Roland Barthes, Structure du fait divers », op. cit., pp. 188-197. 16 Quino, Bien chez soi, Luçon, Ăditions Jacques GlĂ©nat, 1979, p. 39. 17 Câest par cette expression anglo-saxonne que JosĂ© Emilio Pacheco caractĂ©rise le rĂ©cit de Walsh. JosĂ© Emilio Pacheco, Nota preliminar Rodolfo Walsh desde MĂ©xico », in Rodolfo Walsh, Obra literaria completa, MĂ©xico, Siglo xxi editores, 1981, p. 5. 18 A pesar de que la mĂa es historia, no la empezarĂ© por el arca de NoĂ© y la genealogĂa de sus ascendientes como acostumbraban hacerlo los antiguos historiadores españoles de AmĂ©rica que deben ser nuestros prototipos. » Esteban EcheverrĂa, El matadero », in JosĂ© Miguel Oviedo, AntologĂa crĂtica del cuento hispanoamericano del siglo XIX, Madrid, Alianza Editorial, 2001, p. 40. 19 En paĂses como el nuestro, la polĂtica no ha sido casi nunca un asunto civilizado ; en vez de estudiarla dentro de un canon cultural, habrĂa que verla como un capĂtulo del crimen organizado. » Roberto Anglade, Tiempo de no morir », in Sylvia Iparraguirre Ă©d., La cultura argentina. De la dictadura a la democracia, Cuadernos Hispanoamericanos, N° 517-519, julio-septiembre 1993, Madrid, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier JosĂ© Garcia-Romeu, Crime, Histoire et fiction », Cahiers dâĂ©tudes romanes, 15 2006, 81-96. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique JosĂ© Garcia-Romeu, Crime, Histoire et fiction », Cahiers dâĂ©tudes romanes [En ligne], 15 2006, mis en ligne le 15 janvier 2013, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Lesassociations dĂ©noncent un mal-ĂȘtre grandissant et un manque dâĂ©coute au sein de la police nationale. Nils Sabin, le 21/01/2022 Ă 06:48; Lecture en
Que ce soit pour prĂ©parer un voyage ou lors dâun voyage, prĂ©parer une rĂ©union ou animer une rĂ©union, lors dâun rendez-vous nous avons bien souvent besoin dâun peu plus que de simples mots ! Ce dont nous avons besoin, ce sont de rĂ©elles exemples de conversations en anglais. De vrais dialogues en anglais Ă utiliser dans telle ou telle situation. Aujourdâhui, mieux que de vous fournir du vocabulaire essentiel en anglais, nous vous livrons 5 exemples de conversation en anglais. Nos 5 exemples de dialogue en anglais Pour commencer tranquillement, nous avons dĂ©cidĂ© de vous faire partager 5 exemples de dialogue en anglais une conversation type pour la rĂ©servation dâune chambre dâhĂŽtel, une dans un restaurant, pour demander son chemin dans la rue, pour des Ă©changes linguistiques et pour parler de la mĂ©tĂ©o. Enfin, vous trouverez un autre exemple de conversation en anglais BONUS Ă la fin đ 1. RĂ©server Ă lâhĂŽtel / une chambre dâhĂŽtel David is preparing for a trip to England. He phones the San Esteban hotel to reserve a room. H San Esteban Hotel, how can we help you? D Hello! I would like to know the price of a single room, please. H Thirty [30] pounds per night. D Is breakfast included? H Yes, breakfast is included. D Ok, then I want a single room for four [4] nights. H When would you like your reservation? D From Tuesday May tenth [10th] to Saturday May fourteenth [14th]. H That will be 120 pounds, under what name should I make this reservation? D On behalf of David Miller. H Ok. Your reservation has been made. You can pay upon arrival. See you soon! D Thank you very much! Bye! H Bye! 2. Manger dans un restaurant David wants to have lunch at an English restaurant. D I would like a table for one, please. S Would you like to eat on the terrace or inside? D I prefer a table inside, near the window. S This way⊠Hereâs the menu. Would you like a drink? D No thanks. S What would you like to eat? D As an appetizer US / a starter UK, I would like the warm goat cheese salad. S For the main course, Iâll have the seafood platter. D And for dessert, Iâll have the crĂšme brĂ»lĂ©e. S Okay. And to drink? D A bottle of still water, please. S Right away. An hour later⊠D Can I have the bill please? S Here it is. That will be ÂŁ please. D Here you go. Thank you! 3. Demander son chemin dans la rue David is at Farringdon and wants to go to Piccadilly Circus to meet up with Nadia. He asks a pedestrian for directions. D Excuse me, could you please tell me how to get to Piccadilly Circus ? P Of course! P Take the yellow Circle Line » in the direction of Kingâs Cross St Pancras » and get off at Kingâs Cross » station. Once there, switch to the blue line called the Piccadilly Line » towards Heathrow and get off at Piccadilly Circus. Itâs very easy! D Thank you! P Youâre welcome! D OK, I think that I will look at the map⊠4. Lors dâĂ©changes linguistiques⊠David has a video call with a new language partner to practice the language a little bit before his trip. A Hi, David, nice to meet you! D Hi, Alex, nice to meet you, too! I do not speak English very well, but Iâm learning! A No problem. Iâm here to help you. D How old are you? A Iâm 30. D Where do you live? A I live in New York. D Awesome! Itâs always been my dream to visit your city. I want to learn more about it. A Itâs a very exciting place with a lot of things to see and do. D That sounds awesome. I definitely want to go there. First I want to become fluent. A Iâm sure you will, donât worry. What do you do? D Iâm a history student. What about you? What do you do for a living? A I teach math at school. D Oh, thatâs very cool. Listen, I have to go. Letâs talk again soon, OK? A Sure. Talk to you later. 5. Parler de la mĂ©tĂ©o David is videocalling Alex. D Hi, Alex. A Hi, David. So did you surf today? D Unfortunately no. It rained all day long. A Oh. Is that usual in your area? D Yes, it doesnât get too cold in the winter, but it rains a lot. Sometimes we get severe storms. We donât wear heavy coats like in other countries but we always carry an umbrella. A And itâs like that throughout the country? D No, the south stays dry in the winter, but the temperatures are really low. Itâs weird because itâs always sunny there, but itâs freezing! A Wow! I hate cold winters, when itâs gray and windy. Thatâs so depressing. But I do like the snow! D Me too. Do you ski? A Yes, I do. Itâs really fun. D So, howâs the weather where you live? A Well, sometimes it gets very windy here, you know. D That kind of weather is not fun. A But in the summer, it stays warm and sunny. Itâs my favorite season. D Mine is the spring. Thatâs when the weather is perfect here. Not too hot, not too cold. Perfect for surfing. Exemple de conversation orale en anglais Version audio pour accompagner votre lecture Ă©crite My head hurts. I cannot see, but I hear someone⊠Doctor Can you hear me? ? Yes⊠Doctor Open your eyes, please! I open my eyes, it hurts. I see a person. Doctor Hello! ? Hello! Doctor My name is Martin and Iâm your doctor. How are you? ? Not very good, my head hurts. Doctor I see. And whatâs your name? ? My name is⊠is⊠I cannot remember⊠What is my name? ⊠? Why can I not remember my name? What is wrong with me? Doctor Hmm, you donât remember your name? ? No, I remember nothing. Doctor Sir, I think you have amnesia. You hit your head⊠? Where am I? Doctor Youâre in the New York City public hospital. ? New York? In America? Doctor Yes, in the United States of America! ? But why am I in America? Doctor I have no idea, but I can hear that English is not your first language. You really donât have an accent but I can hear that youâre not American. Doctor I think youâre from a different country. Where are you from? ? I cannot remember anything. And my head hurts⊠May I have a drink, please? Doctor Here is a glass of water and some Aspirin. ? Thank you. I drink the glass of water. I am scared. ? Doctor, I am alone, and I am not in my country. I do not remember anything, not even my name. Doctor Yes, this is a big problem. But I have an idea. There are some papers and keys in your pockets. You are also wearing expensive clothes. Maybe you have an important job. Look at this piece of paper, maybe it can help you remember something. I look at it. There is an address in New York. The doctor gives me the keys. ? Mmmm, this does not help, I still do not remember anything⊠Doctor Iâm very sorry, but someone needs to pay your hospital bill. I am scared, and I also start to get angry. ? Really? You are thinking about money right now? My head hurts a lot, I am alone, I am not in my country, and I cannot remember anything! You do not understand. I am scared. Doctor Yes, I can imagine. Iâm really sorry. We want to help you. ? OK, then please help me. I want to go to the address on this piece of paper. I need to find a friend or a family member. Doctor Iâm sorry, you canât leave until tomorrow. But other than this amnesia problem, youâre very healthy. So tomorrow morning, I can ask someone to go with you to this address. Itâs not far. ? Thank you very much, doctor. I really want to remember everything and find my family tomorrow. Doctor Yes, we hope so, too. OK, now you need to sleep. Tomorrow is a big day for you. ? Yes, I am very sleepy. Doctor Goodnight. ? Thank you, doctor. Goodnight. Pourquoi devez-vous Ă©couter ces conversations ? Bon, maintenant, cela va peut ĂȘtre vous surprendre mais il est important de savoir que ces simples exemples de dialogues en anglais ne vous permettront pas ni dâamĂ©liorer votre expression orale, ni votre comprĂ©hension orale de lâanglais. Non, car comme nous vous lâavons dĂ©jĂ dit, la langue anglaise possĂšde 17 sons qui nâexistent pas en français. Dans ce cas, comment faire pour lire correctement un texte en anglais si vous ne connaissez mĂȘme pas ces sons ? Comment deviner leur prononciation ? Ce nâest pas possible. Raison pour laquelle il est essentiel dâen plus de lire, dâĂ©couter des conversations et dialogues en anglais. Lâanglais Ă©crit et lâanglais oral nâont rien Ă voir, et vous ne pouvez deviner la prononciation dâun mot Ă partir de son Ă©crit. Ce nâest malheureusement pas possible. Câest la raison pour laquelle vous devez Ă©couter lâanglais, et Ă©couter ces exemples de dialogue en anglais si vous voulez vous en servir plus tard. Comment Ă©couter ces exemples de dialogue en anglais ? Pour Ă©couter ces dialogues en anglais, plusieurs solutions sâoffrent Ă vous 1. Rechercher la prononciation mot par mot Vous pouvez commencer par les lire, et pour tous les mots que vous ne connaissez pas, nous vous conseillons grandement de chercher leur prononciation sur Google Translate, Forvo, ou sur nos appli MosaLingua pour en avoir la transcription orale ». Google Translate, tout le monde connaĂźt. Ce site Internet, et outil Google, vous permet dâobtenir la prononciation orale dâun mot. Il suffit de taper ce mot sur lâoutil, dâobtenir sa traduction en anglais, et de cliquer ensuite sur le petit Ă©couteur pour avoir sa transcription orale. Un seul inconvĂ©nient la transcription orale est trĂšs robotisĂ©e, et certaines phrases peuvent cacher des erreurs⊠Forvo est un site communautaire et participatif sur lequel des natifs enregistrent des sons et des mots avec la bonne prononciation. Intuitif, et simple dâutilisation, il peut vous dĂ©panner en cas de problĂšme. Notre application pour apprendre lâanglais. Enfin, notre appli pour apprendre lâanglais regroupe +3500 cartes de vocabulaire, ainsi que leur prononciation Ă©noncĂ©e par des natifs anglophones. Cherchez le mot, pour sĂ»r vous trouverez sa transcription orale ! 2. DĂ©couvrir ces dialogues en anglais sur MosaLingua Vous pouvez aussi et tout simplement chercher ces exemples de dialogue en anglais dans notre application pour apprendre lâanglais ou sur MosaLingua Web. En effet, tous les dialogues en anglais ci-dessous ont Ă©tĂ© tirĂ©s de notre application MosaLingua pour apprendre lâanglais et de MosaLingua Web. Non seulement, notre application vous propose du vocabulaire et sa bonne prononciation Ă©noncĂ©e par des natifs anglophones mais elle propose Ă©galement des exemples de dialogue en anglais avec conversations complĂštes. Parler de ses loisirs, parler des diffĂ©rences climatiques, faire fonctionner son tĂ©lĂ©phone ou appeler quelquâun⊠sont autant de dialogues et dâexemples de conversation en anglais que vous trouverez sur notre appli ainsi que sur MosaLingua Web. Dans leur version audio, enregistrĂ©e par des natifs, disponible avec ou sans sous-titres en français ou en anglais. AmĂ©liorer votre comprĂ©hension orale avec MosaSeries Ci-dessous, vous pourrez Ă©couter un dialogue issu de notre formation MosaSeries The Man With No Name. Cette formation vise justement Ă vous faire travailler votre comprĂ©hension orale en anglais. Ici, le premier extrait MosaSeries The Man With No Name est une sĂ©rie passionnante qui raconte lâhistoire, vous lâavez compris, dâun homme qui se rĂ©veille en ne sachant plus qui il est. Il sâagit dâune histoire que nous avons créée en anglais, disponible Ă lâoral ainsi quâĂ lâĂ©crit, pour justement vous aider Ă amĂ©liorer votre comprĂ©hension orale de lâanglais. Cette formation est Ă destination des dĂ©butants et faux-dĂ©butants, et Ă destination de tout ceux qui ont encore du mal Ă suivre les conversations en anglais avec des natifs ou mĂȘme des sĂ©ries ou des films en anglais. Episode par Ă©pisode, MosaSeries vous aide Ă amĂ©liorer votre comprĂ©hension orale de lâanglais grĂące Ă du nouveau vocabulaire, des exemples de dialogue en anglais, mais aussi grĂące des exercices, des conseils sur la meilleure façon dâĂ©couter, des tutos. Pour en savoir plus, nous vous invitons Ă visiter notre page pour amĂ©liorer votre comprĂ©hension orale de lâanglais. En Bonus des dialogues en anglais Enfin dĂ©couvrez sur notre chaĂźne YouTube une vidĂ©o de dialogues en anglais. Cette vidĂ©o a Ă©tĂ© enregistrĂ©e une premiĂšre fois Ă vitesse normale, puis au ralenti afin de familiariser votre oreille Ă la prononciation. Câest le type de dialogues que vous retrouverez sur notre appli ou sur MosaLingua Web. Nâoubliez pas de vous abonner Ă notre chaĂźne YouTube pour plus dâastuces en vidĂ©o Nâoubliez pas que nâimporte quelle conversation que vous trouverez en anglais sur Internet ne vous sera utile que si vous entendez sa version orale ! Mais si vous voulez plus dâexemples de dialogue en anglais, alors nâhĂ©sitez pas Ă nous le dire dans les commentaires⊠Et nous verrons pour une potentielle V2 de cet article. Pour aller plus loin, nous vous conseillons aussi ces articles similaires Pourquoi pratiquer lâanglais Ă lâoral Comment parler anglais rapidement
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Michel Tabanou. â La violence fait toujours partie du rĂ©pertoire de lâĂtat », 2019 © Michel Tabanou Les images de lâagonie de George Floyd, Ă©touffĂ© par un policier de Minneapolis sous le regard impassible de ses collĂšgues, ont dĂ©clenchĂ© une vague de protestation dâune ampleur inhabituelle aux Ătats-Unis. Des centaines de milliers de personnes se sont rĂ©unies un peu partout sur le territoire pour dĂ©noncer avec vĂ©hĂ©mence, parfois avec violence, le traitement discriminatoire des minoritĂ©s par la police. Quelques jours plus tard, des dizaines de milliers de manifestants se rassemblaient Ă Paris et dans plusieurs villes françaises, Ă lâappel du comitĂ© VĂ©ritĂ© et justice pour Adama, constituĂ© en mĂ©moire dâAdama TraorĂ©, qui avait trouvĂ© la mort en juillet 2016 aprĂšs son interpellation par des gendarmes. Aux cĂŽtĂ©s de simples citoyens dĂ©filaient des personnalitĂ©s politiques de premier plan, alors que le mouvement recevait le soutien de vedettes du cinĂ©ma, du football ou de la chanson. Il a mĂȘme rapidement arrachĂ© au ministre de lâintĂ©rieur, M. Christophe Castaner, une mise en cause des pratiques dâĂ©tranglement et la promesse dâamĂ©liorer la dĂ©ontologie des forces de lâordre, particuliĂšrement pour ce qui touche au racisme. Lâampleur de cette mobilisation comme son Ă©cho politique et mĂ©diatique contrastent avec lâhistoire des luttes contre les violences policiĂšres. De Youssef KhaĂŻf Ă Lamine Dieng, de Wissam El-Yamni Ă Ibrahima Bah, en passant par Zyed Benna et Bouna TraorĂ©, Allan Lambin, Amine Bentounsi et bien dâautres, la liste est longue des jeunes des milieux populaires dont le dĂ©cĂšs est imputable, directement ou indirectement, aux forces de lâordre. Entre janvier 1977 et dĂ©cembre 2019, 676 personnes tuĂ©es par des agents de police ou de gendarmerie ont ainsi Ă©tĂ© recensĂ©es par le site Basta !, soit 16 par an en moyenne. La moitiĂ© dâentre elles avaient moins de 26 ans, et prĂšs de la moitiĂ© des affaires concernaient la rĂ©gion parisienne et les agglomĂ©rations lyonnaise et marseillaise 1. Les sĂ©quences de rĂ©action Ă ces drames se rĂ©pĂštent et se ressemblent le quartier dont est issue la victime sâembrase pour quelques nuits, les proches organisent des manifestations locales, puis commencent de longues annĂ©es de batailles judiciaires portĂ©es par la famille et quelques militants tenaces, qui ne dĂ©bouchent que rarement sur une condamnation des fonctionnaires mis en cause 2. Mais, jusquâĂ une date rĂ©cente, les efforts pour donner une assise plus large Ă ces initiatives Ă©taient restĂ©s infructueux. Cette cause demeure impopulaire parce quâelle concerne le plus souvent des mauvaises » victimes, dĂ©favorablement connues des services de police ». Leur disqualification par les autoritĂ©s sous cette appellation comme lâexhibition complaisante par la presse de leurs antĂ©cĂ©dents pĂ©naux Ă©ventuels crĂ©ent un doute quant au dĂ©roulement des faits et renforcent le rĂ©cit policier. Elles rendent Ă©galement plus dĂ©licat le soutien de forces politiques ou syndicales de gauche, historiquement sensibles Ă la rĂ©pression ouvriĂšre, mais mal Ă lâaise vis-Ă -vis des plus rĂ©tifs Ă lâordre salarial, quâelles nommaient en dâautres temps le lumpenprolĂ©tariat. Ce malaise est aggravĂ© par la distance qui sâest progressivement creusĂ©e entre ces organisations et les jeunes des citĂ©s, quâelles ne sont plus capables dâintĂ©grer dans leurs rangs et dont elles peinent Ă prendre en compte les conditions concrĂštes dâexistence 3. De leur cĂŽtĂ©, les tentatives pour construire une autonomie politique des quartiers populaires, câest-Ă -dire des structures capables de porter un autre discours sur ces derniers, nâont pas connu de rĂ©ussites autres que ponctuelles 4. Alors, comment expliquer la puissance des protestations de juin 2020 ? On peut Ă©voquer la coĂŻncidence du calendrier français avec la mort de George Floyd aux Ătats-Unis et lâĂ©motion que celle-ci a soulevĂ©e internationalement, sans doute fouettĂ©e par une hostilitĂ© assez gĂ©nĂ©rale envers M. Donald Trump et ses politiques. On peut Ă©galement signaler le travail opiniĂątre de militants comme ceux issus du Mouvement de lâimmigration et des banlieues, MIB pour fĂ©dĂ©rer les dĂ©nonciations des violences policiĂšres, dont Mme Assa TraorĂ©, la sĆur dâAdama, a su devenir une porte-parole charismatique. Mais lâensemble de ces raisons nâauraient peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© suffisantes sans lâextension dâune dĂ©fiance envers les forces de lâordre en dehors des cercles oĂč elle sâexprimait traditionnellement. ThĂ©orie de la vitre brisĂ©e » LâĂ©tendue de cette dĂ©fiance reste difficile Ă mesurer. Des sondages en rĂ©vĂšlent des bribes. Comme celui publiĂ© par lâhebdomadaire LâExpress 20 janvier 2020 â qui ne compte pourtant pas parmi les plus critiques de lâinstitution â rĂ©vĂ©lant que seules 43 % des personnes interrogĂ©es faisaient confiance » aux policiers, que 20 % dâentre elles ressentaient de lâ inquiĂ©tude » face Ă eux et 10 % de lâ hostilitĂ© ». Des travaux scientifiques confirment cette tendance. Ainsi, une vaste enquĂȘte europĂ©enne rĂ©alisĂ©e en 2011 2012 portant sur 51 000 rĂ©pondants Ă©tablit que la police française est particuliĂšrement mal perçue. Elle se classe 19e sur 26 en ce qui concerne le respect dont elle ferait preuve dans le traitement des personnes juste devant la RĂ©publique tchĂšque, la GrĂšce, la Slovaquie, la Bulgarie, lâUkraine, la Russie et IsraĂ«l 5. Tout manifestant a Ă©galement pu constater que le slogan Tout le monde dĂ©teste la police » fait dĂ©sormais partie du rĂ©pertoire classique des cortĂšges. Lâusage de la force, justifiĂ© ou non, est certes devenu plus visible. Les smartphones Ă©quipĂ©s de camĂ©ras numĂ©riques permettent de le documenter abondamment, et les rĂ©seaux sociaux de le diffuser. Au point quâune trentaine de dĂ©putĂ©s, relayant les demandes de syndicats policiers, ont essayĂ© rĂ©cemment de faire punir de 15 000 euros dâamende et un an dâemprisonnement la diffusion par quelque moyen que ce soit et quel quâen soit le support, de lâimage des fonctionnaires de la police nationale, de militaires, de policiers municipaux ou dâagents des douanes » AssemblĂ©e nationale, 26 mai 2020. Une mesure dĂ©jĂ adoptĂ©e en Espagne, aprĂšs le vaste mouvement du 15-M, en 2011. Lâaction musclĂ©e des forces de lâordre est Ă©galement plus perceptible, car elle sâest dĂ©placĂ©e des quartiers pĂ©riphĂ©riques vers les centres-villes et touche dĂ©sormais des populations qui nâĂ©taient pas accoutumĂ©es Ă cette expĂ©rience. La crise des gilets jaunes », les dĂ©filĂ©s contre la loi travail ou la rĂ©forme des retraites, comme les contrĂŽles opĂ©rĂ©s durant le confinement consĂ©cutif Ă la pandĂ©mie de Covid-19, se sont traduits par une augmentation considĂ©rable des victimes et des tĂ©moins des interventions policiĂšres, bien au-delĂ de ce que les sociologues appellent les gibiers de police » traditionnels 6. Et câest sans doute cette extension de lâemprise policiĂšre sur nos sociĂ©tĂ©s qui permet de comprendre les rĂ©sistances collectives qui se manifestent aujourdâhui. Pour expliquer ce mouvement, il convient dâabord de dissiper le mythe tenace que la police sâoccupe exclusivement de lutter contre la dĂ©linquance. Hormis pour de rares unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es, cette tĂąche nâexcĂšde pas 20 % de son activitĂ© 7. Les policiers sont le plus souvent engagĂ©s dans la rĂ©solution dâune infinitĂ© de situations qui ne relĂšvent pas du pĂ©nal conflits de voisinage, domestiques ou concernant lâoccupation de lâespace public, rĂ©gulation du trafic automobile, renseignements administratifs, gestion des rassemblements publics, contrĂŽle des migrations irrĂ©guliĂšres, surveillance politique, appui Ă dâautres institutions des urgences mĂ©dicales aux expulsions locatives, etc. Le sociologue amĂ©ricain Egon Bittner souligne ainsi quâ il nây a pas de problĂšme humain, rĂ©el ou imaginable, dont on puisse dire avec certitude quâil ne pourrait en aucun cas devenir lâaffaire de la police 8 ». Celle-ci est donc moins une agence dâapplication de la loi â comme le suggĂšre lâexpression anglo-saxonne law enforcement agency â quâune force de lâordre, câest-Ă -dire une institution consacrĂ©e au maintien dâun ordre social dĂ©terminĂ©. Or, Ă partir des annĂ©es 1980, la police est progressivement apparue pour nombre de gouvernants comme une solution magique pour affronter les consĂ©quences du creusement des inĂ©galitĂ©s sociales et Ă©conomiques, observable au sein des sociĂ©tĂ©s occidentales comme entre pays du Nord et du Sud. Avec des variations de chronologie et de ton, les thĂšmes de lâinsĂ©curitĂ© et des migrations irrĂ©guliĂšres notamment se politisent, des partis politiques dâinspirations et de tendances diffĂ©rentes en faisant des chevaux de bataille Ă©lectoraux. Les politiques sociales, de prĂ©vention et de dĂ©veloppement, sans jamais ĂȘtre complĂštement abandonnĂ©es, cĂšdent progressivement la place Ă des approches plus sĂ©curitaires, passant par le contrĂŽle et la coercition. DĂšs lors, il sâagit moins de lutter contre les causes structurelles des inĂ©galitĂ©s perçues comme dĂ©sirables par certains, hors de portĂ©e par dâautres que de discipliner les fractions de la population les plus indociles au nouvel ordre social nĂ©olibĂ©ral, interne et international. Michel Tabanou. â Maintien de lâordre. Paris, 1er mai 2019 », 2019 © Michel Tabanou Parmi les rationalisations qui accompagnent cette dynamique, la thĂ©orie de la vitre brisĂ©e » occupe une place Ă part. ĂlaborĂ©e par deux universitaires amĂ©ricains, James Q. Wilson et Georges L. Kelling, elle laisse entendre que la tolĂ©rance envers les petits dĂ©sordres urbains conduirait graduellement au dĂ©veloppement de formes plus graves de criminalitĂ© 9. En dĂ©pit de son absence de fondements empiriques â Wilson concĂ©da ultĂ©rieurement quâil sâagissait dâune simple spĂ©culation » The New York Times, 6 janvier 2004 â, elle connut une publicitĂ© planĂ©taire aprĂšs que M. Rudolph Giuliani, maire de New York de 1994 Ă 2001, et son chef de la police, M. William Bratton, sâen furent inspirĂ©s pour rĂ©former lâaction de lâinstitution. Des Ătats-Unis Ă la France, en passant par le Royaume-Uni ou lâEspagne, deux voies complĂ©mentaires vont ĂȘtre privilĂ©giĂ©es le durcissement de la rĂ©pression pĂ©nale des petits dĂ©lits de voie publique et le dĂ©veloppement de mesures administratives Ă la lĂ©galitĂ© parfois contestable, telles que les arrĂȘtĂ©s antimendicitĂ©, les couvre-feux pour les mineurs ou pour les bandes, qui permettent de verbaliser ce que les Britanniques appellent les comportements antisociaux » anti-social behaviours. La consommation dâalcool ou de drogue dans la rue, lâoccupation de lâespace public, la fraude dans les transports, les jeux de hasard, la mendicitĂ© agressive », le lavage des pare-brise aux feux rouges, la vente ambulante de boissons fraĂźches, de copies de CD, de DVD, de sacs Ă main, de lunettes de soleil, de ceintures, etc., la prostitution de rue vont devenir des cibles privilĂ©giĂ©es de la police. En effet, câest principalement Ă cette derniĂšre que les gouvernements confient la tĂąche de rĂ©guler la petite dĂ©linquance et les incivilitĂ©s », grĂące aux pouvoirs nouveaux qui lui ont Ă©tĂ© concĂ©dĂ©s. Comme lâindiquent Wilson et Kelling, la police peut effectuer des arrestations pour des motifs du genre âindividu suspectâ, âvagabondageâ ou âivresse sur la voie publiqueâ, toutes accusations dĂ©nuĂ©es de signification lĂ©gale solide. Or, si de telles charges existent, ce nâest pas que la sociĂ©tĂ© donne pour mission aux tribunaux de rĂ©primer le vagabondage ou lâivrognerie, mais bien quâelle veuille fournir aux policiers des outils juridiques leur permettant dâexpulser les indĂ©sirables de tel ou tel quartier, lorsque tous les efforts informels pour faire rĂ©gner lâordre ont Ă©chouĂ© ». Toutefois, confier Ă une institution la rĂ©solution dâune question donnĂ©e nâest pas sans consĂ©quences. Cela favorise en effet son cadrage de la situation et la prĂ©gnance de ses analyses. Les bureaucraties, rappelle le politiste amĂ©ricain Murray Edelman, ont tendance Ă construire les problĂšmes comme justifications des solutions quâelles proposent 10 » il existe des visions institutionnelles, sĂ©dimentĂ©es dans leur histoire, sous forme de routines, de scĂ©narios, de savoir-faire et de reprĂ©sentations qui sâimposent Ă leurs agents tant dans la formation que dans le travail au quotidien par les conseils et les rappels Ă lâordre des anciens. Les policiers aiment rĂ©pĂ©ter quâils ne sont pas des assistantes sociales » et valorisent la coercition. Ils vont donc rĂ©guler lâordre urbain Ă leur maniĂšre, en mettant notamment en place des stratĂ©gies de harcĂšlement. Un commissaire des Mossos dâEsquadra, la police catalane, expliquait en entretien sa politique concernant les jeunes qui se rassemblent dans les espaces publics de Barcelone Tu vas sur la place, tu les engueules, tu leur mets un peu la pression et tu leur dis âBon, je viendrai chaque jour. Et si demain tu es lĂ , je te demanderai tes papiers, si tu consommes de lâalcool sur la voie publique, je ferai une procĂ©dure, si tu as du chocolat [cannabis] Ă©galement.â Ce qui veut dire que, dâune maniĂšre ou dâune autre, on les fait partir. Ăa permet de dĂ©placer le problĂšme. » Cette combinaison de rĂ©pression et de bannissement de ceux perçus comme indĂ©sirables rĂ©sume assez bien le sens pratique des forces de lâordre pour remplir les missions qui leur sont assignĂ©es. Pourquoi obĂ©it-on Ă la police ? Ces tactiques suscitent Ă©videmment des rĂ©sistances de ceux qui en sont la cible, sous forme dâinsultes, de refus dâobtempĂ©rer et parfois de confrontations individuelles ou collectives, particuliĂšrement lĂ oĂč le rapport de forces nâest pas en faveur des policiers. En France, le nombre dâoutrages et de violences contre des dĂ©positaires de lâautoritĂ© passe ainsi de 22 000 en 1990 Ă 68 000 en 2019, soit une multiplication par trois en trente ans. Face Ă cette situation, lâinstitution a rĂ©agi en dotant ses personnels de matĂ©riel dĂ©fensif gilets pare-balles, grenades de dĂ©sencerclement et offensif lanceurs de balles de dĂ©fense [LBD], pistolets Ă impulsion Ă©lectrique. Cet Ă©quipement a nourri les critiques dâune militarisation de la police, particuliĂšrement manifeste dans les unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es comme les brigades anticriminalitĂ© BAC françaises. Leurs Ă©cussons, floquĂ©s dâimages de prĂ©dateurs tigres, loups, lions, crocodiles, cobras, etc. veillant sur la ville endormie, Ă©clairent le type de rapports Ă lâespace et aux populations quâelles veulent incarner. La Street Crimes Unit new-yorkaise, dissoute en 2002 aprĂšs avoir criblĂ© de balles un jeune Afro-AmĂ©ricain dĂ©sarmĂ©, Amadou Diallo, avait mĂȘme pour devise La nuit nous appartient » We own the night ». DĂ©veloppant des pratiques dâintervention agressive, ces unitĂ©s sont responsables dâune large part des violences, parfois mortelles, reprochĂ©es Ă lâinstitution. On les accuse Ă©galement de contribuer Ă un durcissement des tensions partout oĂč elles sont dĂ©ployĂ©es. De lĂ le dĂ©veloppement de stratĂ©gies complĂ©mentaires, nommĂ©es selon les pays police communautaire » ou de proximitĂ© », visant Ă rapprocher les policiers du public grĂące Ă une prĂ©sence visible des patrouilles Ă pied et Ă la crĂ©ation dâespaces de dialogue pour aborder les problĂšmes locaux. Ces expĂ©riences se sont heurtĂ©es au faible enthousiasme policier et Ă des contraintes budgĂ©taires rĂ©currentes, en raison du coĂ»t des effectifs nĂ©cessaires. Mais, lĂ oĂč elles ont Ă©tĂ© mises en place, elles ont contribuĂ© Ă renforcer la centralitĂ© de la police dans la rĂ©gulation des rapports sociaux et Ă redĂ©finir ceux-ci comme une question de sĂ©curitĂ© 11. Police rĂ©pressive » et prĂ©ventive » sâopposent donc moins quâelles ne se complĂštent pour quadriller lâexistence quotidienne de populations de plus en plus larges. Ces stratĂ©gies ont-elles tenu leur promesse de juguler les petits dĂ©sordres urbains ? Ă lâĂ©vidence non. Mais pouvait-on sĂ©rieusement croire quâelles y parviendraient sans agir sur leurs causes profondes ? Nombre de policiers en sont dâailleurs conscients, lorsquâils Ă©voquent en entretien un tonneau des DanaĂŻdes ». Pour autant, cet Ă©chec nâa pas inflĂ©chi les options choisies par les gouvernants. Il a au contraire conduit Ă une fuite en avant sĂ©curitaire, dont lâinstitution sâest saisie pour revendiquer toujours plus de moyens dâaction. Le choix politique de faire des forces de lâordre le fer de lance de la dĂ©fense de lâordre urbain a en effet réévaluĂ© leur position dans le champ bureaucratique et placĂ© les gouvernements dans une relation dâinterdĂ©pendance dĂ©favorable. Ce phĂ©nomĂšne est particuliĂšrement accentuĂ© en France ou aux Ătats-Unis lire Un pays minĂ© par les homicides policiers » par lâexistence de puissants syndicats corporatistes. Avec un taux de syndicalisation de prĂšs de 70 % contre 19 % pour la fonction publique et 8 % pour les salariĂ©s du privĂ©, la police française est, de loin, la profession la plus organisĂ©e. StructurĂ©s par corps gardiens, officiers et commissaires, ces syndicats jouent un rĂŽle important dans lâĂ©volution des carriĂšres. En raison du devoir de rĂ©serve, ils sont Ă©galement les seuls Ă pouvoir Ă©mettre une parole dans les mĂ©dias notamment, en dehors, bien entendu, des autoritĂ©s hiĂ©rarchiques â ce qui limite lâexpression publique des dissidences internes et renforce lâillusion dâune police qui ferait bloc. Cette force conduit Ă une cogestion de fait de lâinstitution, combinant nĂ©gociation, exhortations publiques et actions collectives manifestations, arrĂȘts-maladie, abandon des missions non urgentes ». Si elle nâest pas Ă©pargnĂ©e, la police a ainsi mieux su se protĂ©ger que dâautres services publics des rĂ©formes libĂ©rales, en termes de revalorisations statutaires et salariales ou de crĂ©dits de fonctionnement. Par exemple, lors de la rĂ©forme des retraites, en dĂ©cembre 2019, il a suffi aux syndicats dâĂ©voquer la possibilitĂ© dâun retrait pour obtenir immĂ©diatement un rĂ©gime dĂ©rogatoire, alors mĂȘme que des centaines de milliers de salariĂ©s des transports, de lâhĂŽpital, de lâĂ©ducation nationale, etc. enchaĂźnaient les semaines de grĂšve et de manifestations sans obtenir satisfaction de leurs revendications. De la mĂȘme maniĂšre, lâinstitution contrarie efficacement tout ce quâelle perçoit comme une remise en question de ses prĂ©rogatives. Les propos rĂ©cents de M. Castaner sur lâinterdiction possible des Ă©tranglements ont immĂ©diatement dĂ©clenchĂ© des accusations de trahison » et des protestations localisĂ©es, amenant le ministre Ă reconsidĂ©rer sa position. Des Ă©pisodes similaires sont observables, depuis les manifestations contre le garde des sceaux Robert Badinter en 1983 Ă celles contre la loi sur la prĂ©somption dâinnocence 15 juin 2000, en passant par les oppositions Ă la rĂ©forme de la garde Ă vue 14 avril 2011 ou de la contrainte pĂ©nale 15 aoĂ»t 2014. Cette hostilitĂ© Ă la critique sâexprime Ă©galement par la rĂ©sistance Ă tous les corps extĂ©rieurs qui pourraient assurer un contrĂŽle sur son activitĂ©. Des autoritĂ©s indĂ©pendantes comme la Commission nationale de dĂ©ontologie de la sĂ©curitĂ© CNDS, puis le dĂ©fenseur des droits ou le contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ©, ont dĂ» livrer des batailles constantes pour exercer leurs missions, et leur champ dâaction a toujours Ă©tĂ© restreint par rapport aux ambitions initiales. Cela vaut Ă©galement pour la justice, mal Ă lâaise pour juger lâaction policiĂšre, alors mĂȘme que les magistrats en dĂ©pendent pour leur travail quotidien. Enfin, bien que crainte par les policiers, lâinspection gĂ©nĂ©rale de la police nationale IGPN apparaĂźt bien plus encline Ă sanctionner les dĂ©viances internes quâĂ instruire les plaintes qui viennent de lâextĂ©rieur. Sa directrice, la commissaire Brigitte Jullien, reconnaissait ainsi que, sur les 378 affaires dont elle avait Ă©tĂ© saisie dans le cadre du mouvement des gilets jaunes », deux seulement avaient donnĂ© lieu Ă des propositions de sanctions administratives EnvoyĂ© spĂ©cial », France 2, 11 juin 2020. La combinaison de cette autonomie de lâinstitution et du rĂŽle central qui lui a Ă©tĂ© attribuĂ© dans la rĂ©gulation de lâordre social a transformĂ© les rapports quâentretiennent ses agents au reste de la sociĂ©tĂ©. Compte tenu des situations difficiles auxquelles ils sont professionnellement confrontĂ©s accidents, violences, conflits, misĂšre, les policiers dĂ©veloppent traditionnellement une vision assez pessimiste du monde social â un mĂ©canisme similaire sâobservant chez les pompiers 12. Celle-ci se couple avec des reprĂ©sentations nĂ©gatives de ceux quâils surnomment leurs clients ». Ce qui donne dâailleurs une clĂ© dâentrĂ©e pour expliquer le racisme policier. Il existe bien une minoritĂ© dâagents idĂ©ologiquement convaincus des inĂ©galitĂ©s raciales et une tolĂ©rance pour leurs propos et leurs attitudes. Mais, pour nombre de leurs collĂšgues, ce sont dans les relations rugueuses entretenues au quotidien avec certaines fractions des milieux populaires â dont une bonne part est issue des migrations ou des minoritĂ©s â que se forgent des stĂ©rĂ©otypes racistes qui sâappliquent ensuite par capillaritĂ© Ă tous ceux qui pourraient leur ressembler. Or, depuis une trentaine dâannĂ©es, lâĂ©largissement du spectre de lâaction policiĂšre Ă©tend mĂ©caniquement celui des groupes qui font lâobjet de suspicion. Pour sâen convaincre, il suffit de consulter le fichier TAJ pour traitement dâantĂ©cĂ©dents judiciaires », dans lequel policiers et gendarmes enregistrent les personnes pour lesquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable quâelles aient pu participer, comme auteurs ou complices, Ă la commission dâun crime, dâun dĂ©lit ou de contraventions de cinquiĂšme classe » â un fichier qui ne laisse en rien prĂ©sager des suites judiciaires qui seront apportĂ©es de suspects, donc, et non de coupables. Au 15 novembre 2018, 18,9 millions de personnes faisaient lâobjet dâune fiche, câest-Ă -dire prĂšs de 30 % de la population française⊠Sans grande surprise, les policiers français apparaissent comme les plus dĂ©fiants dâEurope envers le reste des citoyens 13. EncouragĂ©s par les Ă©lites gouvernantes et par leur propre hiĂ©rarchie Ă se percevoir comme lâun des derniers remparts entre lâordre et le chaos, ils nâhĂ©sitent plus Ă utiliser rĂ©guliĂšrement des techniques quâils rĂ©servaient jusque-lĂ Ă des dĂ©linquants plus endurcis. Le dĂ©cĂšs de CĂ©dric Chouviat, un chauffeur-livreur, aprĂšs quâil a subi un Ă©tranglement, celui de Steve Maia Caniço poussĂ© dans la Loire par une charge policiĂšre, lâusage massif des LBD contre des gilets jaunes » ou des manifestants contre la rĂ©forme des retraites, de mĂȘme que les humiliations infligĂ©es Ă des lycĂ©ens comme ceux de Mantes-la-Jolie agenouillĂ©s, les mains sur la nuque, en dĂ©cembre 2018, Ă des fĂ©ministes ou Ă dâautres contrĂŽlĂ©s durant lâĂ©tat dâurgence sanitaire, relĂšvent certainement de cette dynamique. Celle-ci sape pourtant les fondements de lâautoritĂ© policiĂšre. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du syndicat UnitĂ© SGP Police - Force ouvriĂšre, M. Yves Lefebvre, dĂ©plorait rĂ©cemment que la clĂ© dâĂ©tranglement soit de plus en plus utilisĂ©e parce que de plus en plus de gens tentent de se soustraire aux contrĂŽles de police » LibĂ©ration, 8 juin 2020. Il posait sans sâen rendre compte une question centrale pourquoi obĂ©it-on Ă la police ? La rĂ©ponse est simple le degrĂ© dâobĂ©issance Ă lâinstitution est proportionnel Ă la perception de sa lĂ©gitimitĂ©. Or celle-ci nâest jamais donnĂ©e une fois pour toutes. Le droit pĂ©nal, expliquait le sociologue Ămile Durkheim, protĂšge les sentiments collectifs dâun peuple Ă un moment dĂ©terminĂ© de son histoire 14 ». Câest-Ă -dire quâil dessine les frontiĂšres morales dâune sociĂ©tĂ©, en distinguant une majoritĂ© dâ honnĂȘtes hommes » dâune minoritĂ© de criminels ». La dĂ©lĂ©gation accrue Ă la police de la gestion de lâordre urbain, des flux migratoires et mĂȘme de la contestation sociale et politique modifie le poids relatif des deux groupes. DĂšs lors, la nettetĂ© particuliĂšre » des sentiments collectifs dont parle Durkheim se brouille, et les policiers peuvent apparaĂźtre non plus comme les garants de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, mais comme les gardiens dâun ordre social jugĂ© injuste par un nombre croissant dâindividus. Moins obĂ©is, ils emploient plus volontiers la force pour se faire respecter, ce qui creuse encore la dĂ©fiance dont ils font lâobjet. Qui, Ă son tour, renforce leur mĂ©fiance envers les citoyens et leur volontĂ© dâĂ©tendre des dispositifs de sĂ©curitĂ©. Ce cercle vicieux produit un profond sentiment dâasphyxie que les mesures de police sanitaire 20,7 millions de contrĂŽles et 1,1 million de contraventions entre le 17 mars et le 11 mai 2020 ont portĂ© Ă son paroxysme. RĂ©sonnant avec lâĂ©touffement physique de George Floyd, celui-ci sâexprime aujourdâhui dans les mobilisations sous le mot dâordre fĂ©dĂ©rateur de Laissez-nous respirer ! ».
je, non ca ne va pas ! oui je suis un policier, mais avant tous, je suis un etre humain. il y a 3 ans, mon frere Jack est decede. et il y a quzlues temps, mon equipe et moi avons recu un appel, a chatelet. nous avons accourru. et sur les lieu, nous avons attraper le voleur. c'etait le tueur de mon frere. je n'ai pas pu empecher de lui sauter
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exemplede dialogue entre une secrétaire médicale et un patient Home Uncategorized exemple de dialogue entre une secrétaire médicale et un patient By
ERIC GAY / AP / SIPA M le mag Violences policiĂšres PubliĂ© le 09 octobre 2020 Ă 02h27 - Mis Ă jour le 09 octobre 2020 Ă 15h16 RĂ©servĂ© Ă nos abonnĂ©s EnquĂȘteDepuis la mort de George Floyd, la position des officiers noirs aux Etats-Unis est plus inconfortable que jamais. Entre la dĂ©fiance de leur communautĂ© et celle de leurs collĂšgues blancs, ces femmes et ces hommes sont les tĂ©moins du racisme profond de leur institution. Entre deux couleurs, entre deux mots dâordre, lâAmĂ©rique est, depuis cet Ă©tĂ©, sommĂ©e de choisir son camp Black Lives Matter ou Blue Lives Matter ? Un dilemme familier pour ceux qui, comme Mitchell R. Davis entrĂ© dans la police il y a prĂšs de trente ans, sont Ă la fois black, afro-amĂ©ricains et blue, couleur de son uniforme. Avant de devenir policier dans la banlieue de Chicago Illinois, il Ă©tait un jeune homme noir Ă qui il arrivait dâĂȘtre importunĂ© par les forces de lâordre. AprĂšs avoir intĂ©grĂ© lâinstitution, Ă 28 ans, certains de ses collĂšgues ont continuĂ© Ă voir en lui ce jeune homme noir au comportement forcĂ©ment suspect. Une expĂ©rience inconfortable et parfois humiliante », qui nâa pas dissuadĂ© le robuste pĂšre de famille de faire son chemin dans le monde des bleus ». Bien au contraire. En uniforme, muni dâune pancarte Lorsque lâon veut changer les choses, il vaut mieux ĂȘtre dans le systĂšme quâĂ lâextĂ©rieur », dĂ©fend celui qui est aujourdâhui, Ă 58 ans, le chef de la police de la commune de Hazel Crest, 17 000 habitants. Cette conviction nâa fait que se renforcer au fil de sa carriĂšre. Et son engagement a encore trouvĂ© tout son sens durant lâĂ©tĂ©, lors des manifestations contre les violences ÂpoliciĂšres, organisĂ©es aprĂšs la mort de George Floyd, asphyxiĂ© sous le genou dâun policier blanc. Ce drame, venu sâajouter Ă une liste dĂ©jĂ longue de brutalitĂ©s Ă lâencontre des Afro-AmĂ©ricains, a jetĂ© dans les rues des milliers de personnes, blanches et noires, dĂ©cidĂ©es Ă dĂ©noncer une forme de racisme systĂ©mique au sein des forces de lâordre amĂ©ricaines. Mitchell R. Davis nâa pas hĂ©sitĂ© un instant en uniforme et muni dâune pancarte Black Lives Matter, il a rejoint le dĂ©filĂ© organisĂ© dans sa ville. JâĂ©tais le seul reprĂ©sentant de la police », reconnaĂźt-il sans amertume. Je suis sĂ»r que dâautres policiers, blancs ou noirs, voient les choses comme moi et veulent amĂ©liorer la situation, mais tout le monde ne veut pas le faire publiquement. » A travers le pays, dâautres policiers ont suivi son exemple ; de maniĂšre inĂ©dite dans ce type de protestations, certains ont mis un genou Ă terre, en solidaritĂ© avec les manifestants, ou dĂ©posĂ© sur le sol leurs menottes ou leurs gilets pare-balles, comme une volontĂ© dâengager un dialogue apaisĂ©. Double loyautĂ© Ces moments euphoriques semblent dĂ©jĂ loin, mais lâurgence Ă dĂ©noncer les biais racistes de lâinstitution policiĂšre demeure. Surtout chez les agents noirs, pris en Ă©tau entre deux loyautĂ©s, entre deux familles » la police et la communautĂ© afro-amĂ©ricaine. Une situation ambivalente qui en fait les tĂ©moins privilĂ©giĂ©s » de pratiques discriminatoires, dans leur vie professionnelle ou leur quotidien de citoyen. Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s.
Dialogueentre un prĂȘtre et un moribond Cet article est une Ă©bauche concernant la littĂ©rature . Vous pouvez partager vos connaissances en lâamĂ©liorant ( comment ?
Anglais de nouvelles questionsHi, can you tell me the meaning of spick and span for me Je nâai pas dâidĂ©e il faut que je fasse un texte de 20 linges pour ranconter une histoire de peur en anglais au prĂ©tĂ©ritRĂ©ponses Ineed letter to friend talking about where you would like spend your summer holiday and why?RĂ©ponses Anglais, 0750, familckmPouvez vous m'aider a faire la suite de ce texte svppp one night, a storm broke out and, all of a sudden , the light went out so divided under the and in the end , i fell asleep. when i woke up , my brother was taking photos of me! maxi 10 lignesRĂ©ponses MathĂ©matiques, 1343MathĂ©matiques, 1804Informatique, 1435MathĂ©matiques, 1234Physique/Chimie, 0720MathĂ©matiques, 2344MathĂ©matiques, 2344Français, 2344Histoire, 2344MathĂ©matiques, 2344
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exemple de dialogue entre un policier et un suspect