Koumanovo(MacĂ©doine) - DrĂŽle de dĂ©cor pour une histoire d'amour: dĂ©but 2016, Noora Arkavazi est malade, anonyme parmi la cohorte de rĂ©fugiĂ©s bloquĂ©e dans la boue d'un poste-frontiĂšre par aioren PostĂ© le 4/10/2016 1441 Mis Ă  jour 4/10/2016 1442 Je poste tropInscrit le 7/9/2004 Envois 13901 Karma 3803 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 16 La meuf avec le pif en sang... ça me semble normal, je me tire."ok, excusez mouĂ© de vous avoir dĂ©rangĂ©" pouet pouet Dhiwal PostĂ© le 4/10/2016 1442 Mis Ă  jour 4/10/2016 1442 Je suis accroInscrit le 15/5/2011 Envois 1016 Karma 1807 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 14 J'me suis fait plantĂ© par une quĂ©bĂ©coise, j'arrive toujours pas Ă  y croire. Auteur Conversation roondar PostĂ© le 4/10/2016 1440 Mis Ă  jour 4/10/2016 1440 Je suis accroInscrit le 2/7/2013 Envois 1338 Karma 3885 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 0 Cool, un jeu de baston en flash aioren PostĂ© le 4/10/2016 1441 Mis Ă  jour 4/10/2016 1442 Je poste tropInscrit le 7/9/2004 Envois 13901 Karma 3803 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 16 La meuf avec le pif en sang... ça me semble normal, je me tire."ok, excusez mouĂ© de vous avoir dĂ©rangĂ©" pouet pouet Dhiwal PostĂ© le 4/10/2016 1442 Mis Ă  jour 4/10/2016 1442 Je suis accroInscrit le 15/5/2011 Envois 1016 Karma 1807 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 14 J'me suis fait plantĂ© par une quĂ©bĂ©coise, j'arrive toujours pas Ă  y croire. chopsuey PostĂ© le 4/10/2016 1443 Mis Ă  jour 4/10/2016 1445 Je masterise !Inscrit le 2/5/2013 Envois 4202 Karma 4003 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 5 Je les ai tous vraiment bien foutu 10 "Mange ma marde" avalon471 PostĂ© le 4/10/2016 1443 Mis Ă  jour 4/10/2016 1443 Je suis accroInscrit le 28/4/2008 Envois 1982 Karma 1373 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 0 je me suis fait planter par une grognasse,et en plus elle joue mal roll ThePunisher PostĂ© le 4/10/2016 1446 Mis Ă  jour 4/10/2016 1446 Je masterise !Inscrit le 5/1/2012 Envois 2085 Karma 225 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 3 Drop la bouteille ! lol GerardLeBarbare PostĂ© le 4/10/2016 1446 Mis Ă  jour 4/10/2016 1446 Je suis accroInscrit le 10/6/2015 Envois 1241 Karma 1898 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 1 On a mĂȘme pas le premier choix de possible...Celui de primordial !!!"prendre l'appel du central ou aller bouffer un beignet"J'aurai bien sĂ»r choisi le beignet pendant que Darwin fait ses petites affaires ! Loom- PostĂ© le 4/10/2016 1500 Mis Ă  jour 4/10/2016 1500 J'aime glander iciInscrit le 24/4/2013 Envois 8552 Karma 3659 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 0 " affaire conjugale "Criss tabarnak elle a po voulus drop l'couto lo ! Du coups j'suis maurt ! alfosynchro PostĂ© le 4/10/2016 1511 Mis Ă  jour 4/10/2016 1511 Je poste tropInscrit le 5/6/2011 Envois 10831 Karma 4697 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 0 C'est excellent comme principe !Bis ! Laskar PostĂ© le 4/10/2016 1513 Mis Ă  jour 4/10/2016 1513 Je m'installeInscrit le 13/5/2013 Envois 439 Karma 534 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 6 J'ai tout fait, celles avec le vieux et son fils, impossinle de comprendre ce qu'ils disent vantage93 PostĂ© le 4/10/2016 1523 Mis Ă  jour 4/10/2016 1523 Je suis accroInscrit le 5/11/2014 Envois 1343 Karma 1434 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 0 cool j'ai rĂ©ussi 4/5 au premier Altaline PostĂ© le 4/10/2016 1529 Mis Ă  jour 4/10/2016 1529 Je viens d'arriverInscrit le 9/6/2014 Envois 4 Re L'intervention, mettez vous dans la peau d'... 1 J'ai fait celui de la violence conjugale, une erreur de mise en confiance en rangent mon arme, elle m'a poignardĂ© alors que j'Ă©tais un gentil policier tabarnak.
06ComplĂšte ce dialogue entre un policier et un suspect au prĂ©tĂ©rit. a. What did you do last night? - 1 anything. I stayed at home. b. you alone? - No, my wife was with me. c. What time did you go to bed? - to bed at around ten. Pouvez vous m’aider svp d. Did you go to the bank? - No, to the bank. e. steal the money? - No, I didn't steal anything!
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La critique a dĂ©crit la proximitĂ© qui existait entre l’historien et le dĂ©tective privĂ© Ă  une Ă©poque oĂč les romans Ă  Ă©nigme acclimatĂ©s dans des dĂ©cors historiques sont devenus un genre Ă  part entiĂšre. Elle a Ă©galement dĂ©montrĂ© les similitudes des constructions narratives de l’Histoire et de la fiction. Cependant, les relations complexes qu’entretiennent l’une et l’autre ne se limitent ni Ă  ces analogies, ni au fait que l’histoire serve de cadre Ă  la fiction. Dans le cas du roman policier latino-amĂ©ricain – argentin en particulier – nombreux sont en effet les Ă©crivains qui interrogent l’histoire rĂ©cente dans ses manifestations criminelles au moyen du tĂ©moignage. Il existe donc une modalitĂ© propre Ă  la littĂ©rature latino-amĂ©ricaine le rĂ©cit de conjuration. GrĂące Ă  lui, le genre policier acquiert un ton particulier, l’idĂ©ologie et le souci collectif glissant vers le premier plan alors qu’il n’était qu’une toile de fond discrĂšte dans le roman policier anglo-saxon traditionnel. La crĂ­tica ha descrito la proximidad que existĂ­a entre el historiador y el detective privado en una Ă©poca en la que las novelas de enigma se aclimataban a los decorados histĂłricos, llegando a ser plenamente un gĂ©nero reconocido. Ella, la crĂ­tica, ha demostrado igualmente las similitudes de las construcciones narrativas de la Historia y de la ficciĂłn. No obstante las relaciones complejas que mantienen, la una con respecto a la otra, no se limitan ni a esas analogĂ­as, ni al hecho que la historia sirva de cuadro a la ficciĂłn. En el caso de la novela policial latinoamericana – argentina, en particular – son numerosos los escritores que interrogan la Historia reciente en sus manifestaciones criminales por medio del testimonio. Existe, pues, una modalidad propia a la literatura latinoamericana la narraciĂłn de la conjuraciĂłn. Gracias a ella, el gĂ©nero policial adquiere un tono particular en que la ideologĂ­a y la preocupaciĂłn por lo colectivo se deslizan hacia el primer plano de la narraciĂłn, cuando no era sino una discreta tela de fondo en la novela policial anglo-sajona de page EntrĂ©es d’index Index chronologique XXeHaut de page Texte intĂ©gral 1Qu’il s’agisse de fictions ou d’histoires vraies, certaines des meilleures ventes de librairie, y compris en AmĂ©rique Latine, sont Ă  mettre au crĂ©dit des genres policier et historique. La rencontre de ces catĂ©gories dans le succĂšs se double parfois d’une rencontre dans le texte. Le nom de la rose d’Umberto Eco, qui reprenait une recette Ă©prouvĂ©e par Ellis Peters, crĂ©atrice de Cadfael, a consacrĂ© un rĂ©cit d’enquĂȘte oĂč l’érudition historique bonifie le jeu intellectuel offert au lecteur. En suivant d’autres voies et en raison d’inquiĂ©tudes qui leur sont propres, les Ă©crivains argentins se sont plutĂŽt penchĂ©s sur l’histoire rĂ©cente, douloureuse, Ă  laquelle ils se rĂ©fĂšrent souvent en termes testimoniaux Rolo Diez ne manquera pas ainsi de produire des textes – tel son rĂ©cent Papel picado 2003 – nourris Ă  l’expĂ©rience autobiographique ; de mĂȘme, Recuerdo de la muerte 1984 de Miguel Bonasso Ă©lĂšve au rang d’archĂ©type ces rĂ©cits Ă  caractĂšre policier basĂ©s sur des Ă©vĂ©nements politiques vĂ©cus par l’auteur. Enfin, cas extrĂȘmes, lorsque Ricardo Piglia et NĂ©stor Ponce font remonter – dans RespiraciĂłn artificial 1980 et La bestia de las diagonales 1999 – le rĂ©cit jusqu’au XIXe siĂšcle, c’est en rĂ©alitĂ© afin d’interroger les origines de la nation dans un souci non dissimulĂ© de comprendre le prĂ©sent. Histoire et roman policier similitudes et combinaisons 1 Propos recueillis par François GuĂ©rif, Magazine littĂ©raire, n° 344, juin 1996, pp. 53-54. 2 Voir Claude LĂ©vi-Strauss, La pensĂ©e sauvage, Paris, Librairie Plon, 1985, pp. 306-307 et Roland B ... 2Si l’on pose d’abord la modalitĂ© discursive produite par chacun de ces genres – l’historique et le policier – en regard l’une de l’autre, on constate que le travail de l’historien et celui du dĂ©tective concordent, tout deux Ă©tant des enquĂȘteurs qui soumettent le passĂ© Ă  la question afin de trouver des responsables aux dĂ©sastres soufferts. Paco Ignacio Taibo II rappelait en 1996 que l’historien est, par essence, un dĂ©tective privĂ© amateur »1. Les structuralistes ont Ă©galement mis en lumiĂšre les analogies imposĂ©es par la narration au dire de la fiction et au dire de l’Histoire2. La similitude entre les deux catĂ©gories provient donc Ă  la fois de leur caractĂšre hermĂ©neutique et de leur systĂšme d’organisation discursive. Cette correspondance admise, il ne paraĂźt plus douteux qu’Histoire et Ă©nigme criminelle puissent ĂȘtre associĂ©es ; mais rĂ©flĂ©chir Ă  la façon dont une mĂȘme fiction est capable de mĂȘler leurs ingrĂ©dients de base, ce n’est pas seulement chercher s’il existe des romans historiques qui soient aussi des romans policiers, ni si les figures de l’historien et du dĂ©tective sont superposables. 3 El matadero » fut probablement Ă©crit en 1839 mais publiĂ© en 1871. 3Si nous ne retenons dans la catĂ©gorie des romans policiers que ceux qui suivent, de Poe Ă  Chandler, les principaux modĂšles de la littĂ©rature anglo-saxonne, il sera assez facile de dĂ©crire le rapport qui s’y constitue entre Ă©nigme policiĂšre et Histoire, cette derniĂšre y Ă©tant souvent une piĂšce rapportĂ©e. En servant de mode de dĂ©paysement, elle permet d’amplifier les effets produits sur le lecteur par l’exotisme des contrĂ©es lointaines. Ainsi, des sinistres mystĂšres de Fu Manchu de l’écrivain Sax Rohmer au charme confucĂ©en du juge Ti de Van Gulik, on passe d’une vision paranoĂŻaque du pĂ©ril jaune – perçu par un homme moderne – au charme dĂ©licieux et raffinĂ© d’une Chine millĂ©naire – observĂ©e par un sinologue averti. D’un dĂ©placement sur l’unique dimension spatiale oĂč ne compte que le dĂ©paysement gĂ©ographique, on aboutit Ă  un dĂ©placement sur la double coordonnĂ©e spatio-temporelle oĂč le jeu Ă©rudit renforce le simple exotisme. Alors que le dĂ©paysement et l’évasion, attributs qu’on prĂȘte volontiers Ă  la para-littĂ©rature, semblent ĂȘtre, tels qu’ils s’appliquent au roman policier traditionnel, la principale fonction de l’exotisme, son redoublement par le voyage dans le passĂ© permet de donner Ă  voir l’érudition de l’écrivain. On observera que la formule qui produit la saturation de la fiction policiĂšre par des donnĂ©es historiques et culturelles est un ressort souvent utilisĂ© dans les nouvelles de Borges. Exercice d’érudition ou mĂ©thode d’évasion, cette instrumentalisation de l’Histoire comme figure d’ornement, aussi raffinĂ©e soit-elle, ne trouble pas autant que le procĂ©dĂ© qui consiste Ă  interroger l’Histoire Ă  travers le fait criminel et qui caractĂ©rise certaines fictions argentines depuis El matadero »3 d’Esteban EcheverrĂ­a ou Amalia 1851 de JosĂ© MĂĄrmol. Dans le premier cas, l’Histoire est au service de l’énigme, dans le deuxiĂšme, elle en est le sujet. 4Au-delĂ  de l’association ornementale entre les deux genres ou de l’analogie entre dĂ©tective et historien, il est donc nĂ©cessaire d’interroger plus profondĂ©ment le statut du crime et de l’évĂ©nement historique tel que la fiction est en mesure de les percevoir. ÉvĂ©nement et personnage 5Pour traiter du lien entre fiction policiĂšre et Histoire, il faut avant tout lever l’incertitude suivante parmi les mĂ©thodes susceptibles d’organiser la connaissance historique, laquelle offrira davantage de matiĂšre Ă  la fiction ? En simplifiant et en ne tenant pas compte pour l’instant des solutions intermĂ©diaires propres aux Ă©volutions les plus rĂ©centes de la discipline, on peut retenir deux visions de l’Histoire 1 une vision moderne, issue des conceptions de François Simiand et de l’école des Annales, oĂč la sĂ©rie complexe des faits quantifiables et la somme de gestes innombrables et anonymes recouvrent l’évĂ©nement particulier et fournissent une comprĂ©hension vaste et globale ; 2 une vision traditionnelle oĂč une Ă©loquente mise en rĂ©cit fait seul subsister l’évĂ©nement remarquable en retenant par-dessus tout l’action du grand homme, l’alea jacta est d’un CĂ©sar. 6L’histoire des pratiques sociales et des mentalitĂ©s, ou l’histoire des batailles ». Cette question sur la discipline conduit Ă  celle concernant l’agent historique. Si on ne retient en effet que l’évĂ©nement Ă©clatant, on cherchera les individus qui l’auront provoquĂ© ClĂ©opĂątre, Jeanne d’Arc, NapolĂ©on, BolĂ­var
, si possible de grandes figures auxquelles on prĂȘtera une capacitĂ© d’action exemplaire, parfois magique. À l’inverse, si on n’observe que la sĂ©rie complexe, alors on portera Ă  la lumiĂšre des tendances et des donnĂ©es derriĂšre lesquelles la personne ne sera discernable que sous la forme d’une moyenne statistique. Il n’est pas douteux que la fiction prĂ©fĂšre s’inscrire dans la conception traditionnelle de l’Histoire car elle pourra alors se saisir de personnages et d’évĂ©nements nĂ©cessaires Ă  la construction de l’énigme romanesque. Notons que Roland Barthes, afin de rĂ©vĂ©ler la parentĂ© reliant les deux formes de discours, ne se base pas sur les vastes abstractions produites par l’école des Annales mais sur le grand rĂ©cit historique Ă©laborĂ© par Augustin Thierry au XIXe siĂšcle. 7Antoine Prost nous Ă©claire davantage sur la perception de l’évĂ©nement et du sujet par le rĂ©cit 4 Antoine Prost, Les pratiques et les mĂ©thodes », Sciences humaines, Hors sĂ©rie, n° 18, septembre ... Tous les sujets [
] ne se valent part, tous n’ont pas la mĂȘme pertinence historique savoir qui Ă©tait le masque de fer importe peu Ă  la connaissance historique, mĂȘme si l’on peut Ă©crire un texte trĂšs neuf sur le masque de fer comme symbole, en le replaçant dans la sĂ©rie des prisonniers majeurs et des usages de la mise au secret, ce qui serait un sujet historique important.[
] Que l’historien soit de son temps et de son pays et qu’il s’adresse Ă  ses contemporains ici et maintenant l’oblige, s’il veut trouver des lecteurs, Ă  s’interroger sur la pertinence sociale de ses sujets. Il en est d’insignifiants et de futiles, et d’autres majeurs. C’est souvent la diffĂ©rence entre la littĂ©rature de gare et l’histoire 8Aujourd’hui, la dĂ©marche de l’historien et celle du romancier paraissent donc symĂ©triquement opposĂ©es le fait curieux est aux yeux du premier une donnĂ©e Ă  insĂ©rer dans une sĂ©rie tandis que le second, mĂȘme s’il ne verse pas dans la littĂ©rature de gare, y voit une anecdote exemplaire mĂ©ritant de subir une hypertrophie narrative. 9Au XXe siĂšcle, l’Histoire a donc tournĂ© le dos Ă  l’individu, au cas particulier et unique pour se pencher sur de vastes sĂ©ries, creusant ainsi la distance qui la sĂ©parait des rĂ©cits imaginaires. Cependant les mĂ©thodes inaugurĂ©es par la micro-histoire indiquent que ce mouvement n’est pas indispensable Ă  l’objectivitĂ© scientifique de la discipline historique. En s’intĂ©ressant au meunier Menocchio, ĂȘtre unique mais assez marginal dont la biographie ne pouvait illustrer ni de vastes phĂ©nomĂšnes sociaux ni servir la Grande Histoire, Carlo Ginzburg a dĂ©montrĂ© tout l’enseignement historique que l’on pouvait tirer de la parole d’un homme du peuple. DĂ©fendant un tel procĂ©dĂ©, l’historien suggĂšre qu’il existe des motivations idĂ©ologiques au choix de la mĂ©thode historique, aussi pertinente soit-elle 5 Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du XVIe siĂšcle, Paris, Aubier, 198 ... Quand des Ă©quipes entiĂšres de chercheurs se lancent dans d’immenses entreprises d’histoire quantitative des idĂ©es ou d’histoire religieuse sĂ©rielle, proposer une enquĂȘte minutieuse sur un meunier peut sembler paradoxal et absurde [
]. Il est symptomatique que la possibilitĂ© mĂȘme d’une pareille enquĂȘte ait Ă©tĂ© exclue d’avance par quelqu’un qui, comme F. Furet, a soutenu que la rĂ©intĂ©gration des classes infĂ©rieures dans l’histoire gĂ©nĂ©rale ne peut se faire que sous le signe du nombre et de l’anonymat », Ă  travers la dĂ©mographie et la sociologie, et l’étude quantitative des sociĂ©tĂ©s du passĂ© ». MĂȘme si les historiens ne les ignorent plus, les classes infĂ©rieures seraient de toute façon condamnĂ©es Ă  rester silencieuses ».5 10Plus loin, Carlo Ginzburg indique que dans certains cas l’individu mĂ©diocre peut renseigner sur un groupe social 6 Ibidem., p. 16. Des Ă©tudes biographiques ont dĂ©montrĂ© que chez un individu mĂ©diocre, en lui-mĂȘme privĂ© de relief et pour cette raison prĂ©cisĂ©ment reprĂ©sentatif, on peut observer comme dans un microcosme les caractĂ©ristiques d’une entiĂšre couche sociale Ă  une Ă©poque historique donnĂ©e [
].6 11C’est dire que la micro-histoire n’abandonne pas la sĂ©rie pour retourner au grand homme visĂ© par l’histoire traditionnelle. Elle se penche plutĂŽt sur l’insignifiant parce qu’en tant que tel, il exprime la moyenne des choses banales. À ce stade, observons qu’une concordance singuliĂšre se fait jour entre la question soulevĂ©e par la place de l’individu et du sujet en Histoire et celle touchant au personnage romanesque et Ă  la rĂšgle littĂ©raire des styles. Selon cette derniĂšre, dont Erich Auerbach a analysĂ© les fluctuations au cours des siĂšcles, le grave, le tragique, le grand personnage ne sauraient Ă  l’origine ĂȘtre dĂ©crits que par un discours aristocratique excluant le laid et le misĂ©rable. À l’inverse, la rĂ©alitĂ© crue et les personnages vils ne peuvent prĂȘter qu’à la comĂ©die. En comparant son art Ă  ceux de Boileau ou de MoliĂšre, Auerbach dĂ©crit comment La BruyĂšre dĂ©jĂ  renonce Ă  la rĂšgle des styles pour dĂ©crire le misĂ©rable sĂ©rieusement 7 Erich Auerbach, MimĂ©sis, la reprĂ©sentation de la rĂ©alitĂ© dans la littĂ©rature occidentale, Paris, ... Des pensĂ©es de cet ordre ne viennent ni Ă  MoliĂšre ni Ă  Boileau, et l’un comme l’autre se garderait de les exprimer. Elles transgressent les limites de ce que Boileau nomme l’agrĂ©able et le fin ; non pas parce qu’elles constituent de grands sujets elles ne sont pas cela, dans l’optique du siĂšcle, mais parce que, traitant d’un sujet quotidien et contemporain d’une maniĂšre trop concrĂšte et sĂ©rieuse, elles lui confĂšrent plus de poids que ne le permet l’ 12Si la grande histoire du XIXe siĂšcle s’intĂ©resse Ă  des hĂ©ros Ă  caractĂšre Ă©pique, l’histoire des sĂ©ries annule l’individu Ă  la façon du nouveau roman tandis que la micro-histoire exhume des anti-hĂ©ros absolus. Et quel hĂ©ros est-il plus anti » que celui du polar ? LĂ  oĂč l’on croyait voir surgir de profondes divergences entre l’historien et le romancier contemporains se dressent de nouvelles passerelles, chacun en effet Ă©tant tributaire des reprĂ©sentations intellectuelles produites par la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle il appartient et qui attribuent Ă  l’individu, soit-il sujet historique ou personnage de fiction, des caractĂšres dĂ©terminĂ©s. Histoire lointaine et expĂ©rience rĂ©cente 8 Que ce soit Ă  travers la consultation de manuels savants ou en actualisant l’imprĂ©gnation que l’h ... 13Ces nouvelles analogies admises, il faudra chercher ailleurs la distance indispensable au maintien diffĂ©rentiel de ces deux formes de rĂ©cit. Constatons Ă  ce propos que le romancier ne peut lire l’histoire que dans le travail des historiens8 oĂč il puise des informations qu’il réélabore quelquefois au point de les rendre mĂ©connaissables. On dira dĂšs lors – et dans ce rapport de succession se trouve une diffĂ©rence indiscutable – que la recherche historique prĂ©cĂšde l’Ɠuvre de fiction. L’Histoire se prĂ©sente donc comme un rĂ©cit maĂźtre et la fiction historique comme son commentaire ou comme le jeu des variations poĂ©tiques pouvant lui ĂȘtre appliquĂ©es. Ainsi, lorsque Di Benedetto Ă©crit Zama 1956, il a certainement sous la main un certain nombre de donnĂ©es provenant d’élaborations historiographiques diverses qui lui permettent de verser la trame fictionnelle dans un contexte historique prĂ©cis, celui de la vice-royautĂ© du RĂ­o de La Plata. Dans les nations comme l’Argentine oĂč le culte des hĂ©ros et des grands gestes fondateurs est transmis aux enfants dĂšs l’école primaire, l’intĂ©riorisation de cette histoire officielle est sans doute un fait Ă  considĂ©rer dans la genĂšse des rĂ©cits historiques produits par les romanciers. Dans tous les cas cependant, l’écrivain est redevable Ă  l’Histoire des figures qu’il met en scĂšne. Mais que penser Ă  l’inverse des rĂ©cits qui rapportent des Ă©vĂ©nements rĂ©cents dont l’auteur lui-mĂȘme aura pu ĂȘtre tĂ©moin ou acteur ? Quand il s’agit de faits problĂ©matiques inscrits dans un contexte de crise que l’historien du temps prĂ©sent ne peut observer avec toute la sĂ©rĂ©nitĂ© nĂ©cessaire Ă  sa recherche, alors le travail fictionnel est en mesure de jouer un rĂŽle inaugural. L’exemple d’un tel phĂ©nomĂšne se trouve dans l’Argentine soumise, de 1976 Ă  1983, Ă  la dictature militaire. Sous les effets de la censure et de la rĂ©pression, alors que les Ă©crivains pouvaient encore recourir Ă  la mĂ©taphore pour avancer les premiers Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension de la rĂ©alitĂ© politique, les historiens Ă©taient dans l’incapacitĂ© de proposer une analyse critique qui risquait d’éveiller la mĂ©fiance trĂšs rĂ©active d’autoritĂ©s paranoĂŻaques. Lisons ce qu’écrit AndrĂ©s Avellaneda Ă  propos de la littĂ©rature argentine de cette Ă©poque 9 Para pensar la narrativa argentina en el marco de la dictadura militar terrorista conviene inve ... Pour envisager la fiction argentine dans le cadre de la dictature militaire terroriste, il convient d’inverser les termes de la relation entre les textes et l’histoire cette derniĂšre n’est pas un rĂ©cit tuteur qui gĂ©nĂšre les premiers, mais au contraire, la comprĂ©hension des faits que nous appelons histoire dĂ©pend probablement des formes de textualisation que nous nommons littĂ©rature. L’étape sinistre de la dictature [
] reste vide de sens jusqu’à ce que les inscriptions symboliques des discours viennent la remplir [...].9 14C’est Ă  ce travail de comprĂ©hension que vont procĂ©der des auteurs comme JosĂ© Pablo Feinmann ou Ricardo Piglia en employant le registre policier pour rendre compte de la violence politique exercĂ©e par la dictature. Relevons ces propos de Feinmann 10 [
] a partir del golpe militar no se podĂ­a publicar nada que oliera mĂ­nimamente a intercambio d ... [
] Ă  partir du coup d’état militaire on ne pouvait rien publier qui ressemblĂąt de prĂšs ou de loin Ă  un Ă©change d’idĂ©es. Je songeai alors qu’il fallait publier au moins quelque chose qui rendĂźt compte des Ă©preuves traversĂ©es par ma gĂ©nĂ©ration la violence effrĂ©nĂ©e. C’est comme ça que s’impose le roman policier ; le crime y est inhĂ©rent au genre, l’assassinat fait partie de sa lĂ©galitĂ© interne. C’est le genre idĂ©al pour parler du crime et de la violence [
].10 11 Voir Tulio HalperĂ­n Donghi, El presente transforma el pasado el impacto del reciente terror e ... 15On peut dĂ©duire de l’ensemble de ces rĂ©flexions que le roman argentin, et en particulier le roman policier, a permis de rendre compte des traits les plus problĂ©matiques de l’histoire immĂ©diate avant toute autre discipline. À ce titre, il est intĂ©ressant de noter l’intĂ©rĂȘt que l’historien Tulio HalperĂ­n Donghi a portĂ© Ă  la littĂ©rature de cette pĂ©riode au moment oĂč, la dĂ©mocratie restaurĂ©e, il devenait possible de retrouver la distance objective nĂ©cessaire Ă  l’analyse historique11. De l’expĂ©rience individuelle Ă  l’expĂ©rience collective 16Cette rĂ©versibilitĂ© des rapports de comprĂ©hension entre Histoire et fiction appliquĂ©e aux Ă©vĂ©nements rĂ©cents ne doit pas conduire Ă  confondre les pĂ©ripĂ©ties fictionnelles et celles historiques rapportĂ©es par le roman. Le lecteur bien renseignĂ© et possĂ©dant une encyclopĂ©die historique convenable saura en effet distinguer ces deux catĂ©gories. Si quelques doutes subsistent, le recours Ă  un manuel permettra de dĂ©partager l’invention pure de la documentation vraie ; Ă  moins que l’auteur lui-mĂȘme ne prenne soin de vanter l’exactitude des faits racontĂ©s. Mais cette dĂ©marche, quand elle se trouve dans un roman policier, est suspecte. Dans Plata quemada 1997 par exemple, Ricardo Piglia prĂ©sente comme vrais des Ă©vĂ©nements imaginaires. C’est d’ailleurs le propre de tels rĂ©cits – depuis qu’Edgar Allan Poe a fait paraĂźtre vĂ©ridique l’affaire de la rue Morgue en citant une certaine Gazette des tribunaux – que d’insister, au moyen de l’article de journal, sur la rĂ©alitĂ© des faits criminels qui y sont dĂ©crits. 17Cette illusion du rĂ©el constamment entretenue par le roman policier pose le problĂšme de l’historicitĂ© des faits rapportĂ©s par la fiction puisque le roman dĂ©signe comme agents, acteurs ou victimes des Ă©vĂ©nements qu’il choisit d’illustrer, des personnages auxquels il attribue des prĂ©dicats dĂ©terminĂ©s, comment les Ă©vĂ©nements vĂ©cus par ces personnages dans leur sphĂšre individuelle peuvent-ils ĂȘtre reconnus par le lecteur comme historiques » ? Il s’agit d’évoquer ici le passage de l’expĂ©rience individuelle Ă  l’expĂ©rience collective, le moment oĂč l’aventure d’un individu, mĂȘme fictionnel, s’inscrit dans l’aventure collective d’une nation telle qu’elle est documentĂ©e par la chronique historique. Pour susciter ce glissement, suffit-il Ă  l’écrivain de dresser une toile de fond, la toile des faits collectifs et politiques, sur laquelle le vĂ©cu de chaque personnage se dĂ©tacherait ? C’est effectivement ce que font certains auteurs. Cependant, plutĂŽt que de constituer deux rĂ©cits parallĂšles, ils prĂ©fĂšrent souvent instaurer des plans convergents qui produisent, Ă  certains moments clĂ©s et au dĂ©nouement en particulier, la rencontre du personnage et de l’évĂ©nement historique. Tel est le cas d’un modĂšle du roman français, Les Thibault, qui dĂ©crit d’abord la vie des frĂšres dans le cadre de la famille et des proches, et finit par raconter comment l’Histoire les engloutit dans le sacrifice insensĂ© de la Grande Guerre. Dans ce procĂ©dĂ©, Ă©galement fonctionnel dans La casa de los espĂ­ritus 1982 d’Isabel Allende ou El siglo de las luces 1962 d’Alejo Carpentier, l’Histoire est observĂ©e comme une fatalitĂ© meurtriĂšre, et le meurtre dont il est question est collectif. 18Donc, d’un cĂŽtĂ© le personnage dans son cadre de vie habituel, dĂ©limitĂ©, d’un autre l’abstraction des grands Ă©vĂ©nements historiques, et au bout du rĂ©cit la rencontre des deux par la matĂ©rialisation du fait historique dans l’existence du personnage qui le subit comme un dĂ©sastre. Malheureusement, ces observations ne peuvent s’appliquer de façon identique Ă  la saga familiale et au roman policier. Si dans le domaine de la rĂ©alitĂ© objective l’Histoire consiste Ă  dĂ©crire une communautĂ© Ă  un moment donnĂ© de son dĂ©veloppement, la fresque familiale est en mesure d’en faire autant dans le domaine de la fiction, la famille Ă©tant une sorte de microcosme social qui peut rendre compte des Ă©volutions Ă  travers la succession gĂ©nĂ©rationnelle. Rien de plus naturel alors que d’inscrire la saga dans l’Histoire. La rencontre de l’expĂ©rience individuelle des personnages avec l’évĂ©nement historique y devient un aboutissement logique. 19Sans doute, des romans comme RespiraciĂłn artificial de Ricardo Piglia et Papel picado de Rolo Diez s’efforcent-ils de conjuguer l’aspect gĂ©nĂ©rationnel au roman noir, d’oĂč le souci d’y rendre compte d’hĂ©ritages intellectuels ou familiaux par ailleurs assez chaotiques. Mais en principe le rĂ©cit policier est Ă  l’opposĂ© du modĂšle offert par la saga familiale. Ses personnages sont des solitaires, des marginaux, et cela est vrai aussi bien pour l’enquĂȘteur que pour le criminel ou la victime. MĂȘme si l’on ne manque pas de rĂ©pĂ©ter que le roman noir offre une radiographie de la sociĂ©tĂ©, son aspect documentaire est si brutalement exposĂ© qu’il a rarement assez de profondeur pour autoriser une comprĂ©hension historique complexe. Aussi les motivations et les mouvements des personnages y sont-ils souvent secrets, impossibles Ă  corrĂ©ler Ă  une vaste action collective. ExpĂ©rience collective et perception publique du crime 20Il faut constater qu’à l’encontre de cette derniĂšre affirmation, le rĂ©cit romanesque latino-amĂ©ricain lie souvent crime et Histoire en s’intĂ©ressant Ă  la conspiration politique. DĂšs 1851, Amalia de JosĂ© MĂĄrmol inaugure un rĂ©cit de conjuration qui atteindra avec Los siete locos 1929 de Roberto Arlt un haut degrĂ© de pertinence esthĂ©tique. Avec La ciudad ausente 1992, Ricardo Piglia, qui ne cache pas sa dĂ©votion envers Roberto Arlt, Ă©labore le rĂ©cit d’une machination fantastique dans lequel l’Histoire n’est plus seulement utilisĂ©e comme catalogue oĂč puiser des anecdotes mais comme discipline intellectuelle gĂ©nĂ©rant des discours idĂ©ologiques, enjeux de la lutte qui oppose l’autoritĂ© aux Ă©lĂ©ments subversifs. Plus rĂ©cemment encore, La fiesta del Chivo 2000 de Vargas Llosa montre que l’atmosphĂšre policiĂšre suggĂ©rĂ©e par le complot politique parvient Ă  soutenir un rĂ©cit historique. Mais ces romans sont-ils encore, Ă  proprement parler, des romans policiers ? Le caractĂšre vaste et indĂ©terminĂ© avec lequel la fiction mĂ©diatise le crime peut conduire Ă  embrasser trop largement l’ensemble des rĂ©cits criminels en leur attribuant artificiellement l’étiquette de romans policiers. Or il est difficile d’échapper Ă  cette difficultĂ© depuis que la littĂ©rature savante s’est saisie du genre policier, non pour s’y fondre entiĂšrement, mais afin de l’articuler de façon dynamique Ă  d’autres modalitĂ©s d’écritures. Ce mouvement caractĂ©rise le souci, maintenant bien documentĂ© et incarnĂ© entre autres par Manuel Puig ou Ricardo Piglia, de verser des modes considĂ©rĂ©s comme marginaux cinĂ©ma populaire, feuilleton
 dans des rĂ©cits savants ayant recours Ă  l’hybridation des genres et des modes, Ă  la fragmentation narrative et Ă  l’expansion du plurilinguisme. Nous pouvons conjecturer que cette Ă©volution a rĂ©troagi sur le regard que l’on portait sur le roman policier, d’une part en l’anoblissant, d’autre part en contribuant Ă  confondre ses frontiĂšres gĂ©nĂ©riques. Ces modifications ont affectĂ© l’équilibre du systĂšme architextuel traditionnel et entretiennent la confusion dont nous hĂ©ritons aujourd’hui, confusion qui a le mĂ©rite au moins de stimuler notre rĂ©flexion. Acceptons donc l’idĂ©e que le rĂ©cit policier rencontre une de ses nombreuses formes de matĂ©rialisation dans le rĂ©cit de conjuration. Lorsque grĂące Ă  ce dernier le crime n’est plus une affaire de passions ou de dĂ©sirs privĂ©s mais une affaire politique, le destin de l’individu qui y est impliquĂ© devient solidaire de celui de la nation. DĂšs lors l’expĂ©rience reprĂ©sentĂ©e par un personnage dĂ©terminĂ© se mĂȘle au fait historique et Ă  l’expĂ©rience collective. Dans Structure du fait divers », Roland Barthes oppose justement le meurtre politique au fait divers 12 Roland Barthes, Structure du fait divers », Essais critiques, Paris, Ă©ditions du Seuil, 1964, p ... Voici un assassinat s’il est politique, c’est une information, s’il ne l’est pas, c’est un fait divers. [
] Cette diffĂ©rence apparaĂźt tout de suite lorsque l’on compare nos deux assassinats ; dans le premier l’assassinat politique, l’évĂ©nement le meurtre renvoie nĂ©cessairement Ă  une situation extensive qui existe en dehors de lui, avant lui et autour de lui la politique » ; l’information ne peut ici se comprendre immĂ©diatement, elle ne peut ĂȘtre dĂ©finie qu’à proportion d’une connaissance extĂ©rieure Ă  l’évĂ©nement, qui est la connaissance politique [
]. [L’assassinat politique] n’est jamais que le terme manifeste d’une structure implicite qui lui prĂ©existe pas d’information politique sans durĂ©e, car la politique est une catĂ©gorie trans-temporelle [
].12 21L’inscription du crime politique dans l’histoire tient donc de la nĂ©cessitĂ© alors que 13 Ibidem., p. 189. le fait divers, au contraire, est une information totale, ou plus exactement, immanente ; il contient en soi tout son savoir point besoin de connaĂźtre rien du monde pour consommer un fait divers [
].13 22Ce souci de remonter les causes historiques du crime politique afin de le comprendre anime en particulier RespiraciĂłn artificial de Ricardo Piglia qui dĂ©crit le destin de gĂ©nĂ©rations entiĂšres de proscrits argentins celle de 1837 aussi bien que celle de 1976 Ă  travers des personnages dont la marginalitĂ© permet d’évoquer une histoire hĂ©tĂ©rodoxe, opposable Ă  l’histoire officielle. 23À ce stade, nous ne pouvons nous arrĂȘter Ă  ces considĂ©rations sans Ă©voquer l’instrument indispensable Ă  l’enregistrement de cette expĂ©rience collective la mĂ©moire. À son sujet, Paul RicƓur Ă©crit 14 Paul RicƓur, La mĂ©moire, l’histoire, l’oubli, Paris, Ă©ditions du Seuil, 2000, p. 161. Entre les deux pĂŽles de la mĂ©moire individuelle et de la mĂ©moire collective, n’existe-t-il pas un plan intermĂ©diaire de rĂ©fĂ©rence oĂč s’opĂšrent concrĂštement les Ă©changes entre la mĂ©moire vive des personnes individuelles et la mĂ©moire publique des communautĂ©s auxquelles nous appartenons ? Ce plan est celui de la relation aux proches, Ă  qui nous sommes en droit d’attribuer une mĂ©moire d’un genre 24Cette idĂ©e de proximitĂ© et donc de transfert par palier de l’individu Ă  la communautĂ© permet de prĂ©ciser les opĂ©rations nĂ©cessaires au partage de la mĂ©moire qui donneront forme Ă  l’expĂ©rience collective. Trois de ces opĂ©rations sont facilement discernables 1 celle produite par la compassion, 2 celle produite par la gĂ©nĂ©ralisation, et 3 celle de retour vers les origines qui aboutit Ă  la construction d’une image des ancĂȘtres communs. 25La capacitĂ© Ă  compatir indique mon aptitude Ă  partager, virtuellement, l’expĂ©rience d’autrui, expĂ©rience que je peux ne pas avoir vĂ©cu. Ce mouvement de moi vers l’autre porte en germe l’idĂ©e de souci collectif. Il indique que je suis capable d’élaborer une construction discursive qui m’autorise Ă  m’approprier cette expĂ©rience Ă©trangĂšre. Mais si je compatis, c’est que l’on m’inspire, Ă  moi, de la compassion dans un processus dynamique d’échange et de dialogue. Observons enfin que le sentiment de compassion, s’il est encouragĂ© par un contexte social conflictuel, conduira Ă  l’engagement. Ce dernier stimulera la recherche des rĂ©ponses idĂ©ologiques qui permettront de combattre certaines idĂ©es gĂ©nĂ©ratrices d’iniquitĂ©s et de mettre un terme Ă  la souffrance collective. 26Au moyen de la gĂ©nĂ©ralisation, un fait particulier est rapportĂ© Ă  d’autres faits similaires jusqu’à composer une sĂ©rie vaste et reprĂ©sentative d’un fait de sociĂ©tĂ©, par exemple la rĂ©cente et mĂ©diatique affaire Cantat-Trintignant rapportĂ©e Ă  la catĂ©gorie sociologique femme battue et homme violent ». Notons qu’il est peu probable qu’au XVIIe siĂšcle on ait eu conscience de l’existence d’une telle catĂ©gorie, quand bien mĂȘme de nombreuses femmes fussent battues. Le systĂšme de gĂ©nĂ©ralisation dĂ©pendra donc du regard social tel qu’il est formĂ© – pour chaque pĂ©riode – par les modalitĂ©s de production des opinions publiques. 27Compassion et gĂ©nĂ©ralisation permettent de transposer des phĂ©nomĂšnes individuels en phĂ©nomĂšnes collectifs. Elles rendent communs Ă  tous les membres prĂ©sents de la communautĂ© l’ensemble de leurs ancĂȘtres, d’autant que la distance temporelle finit par fondre l’histoire des origines familiales dans l’indĂ©termination de l’histoire collective. De plus, la compassion ouvre Ă  la comprĂ©hension de l’expĂ©rience des temps passĂ©s ainsi qu’à la possibilitĂ© de la raconter. En ce sens il est frappant de voir comment les reprĂ©sentations historiques adressĂ©es au grand public s’efforcent de rapprocher, par la description de la vie quotidienne, l’expĂ©rience des ancĂȘtres Ă  la nĂŽtre. C’est dans le passage du singulier au pluriel, sous les effets de la gĂ©nĂ©ralisation et de la compassion, qu’apparaĂźt au jour la possibilitĂ© de mettre en mĂ©moire et de raconter une histoire collective. 15 Au sujet de l’évĂ©nement, et plus prĂ©cisĂ©ment du fait divers, voir encore Roland Barthes, Struct ... 28Le journalisme a montrĂ© depuis longtemps que les rĂ©cits de crimes, en tant qu’évĂ©nements inspirant de la compassion et ayant une signification sociale pouvant soutenir le processus de gĂ©nĂ©ralisation, bĂ©nĂ©ficiaient d’une vaste rĂ©ception populaire. L’importance que la communautĂ© attribue Ă  chaque victime particuliĂšre et Ă  son bourreau, affectĂ©e du trouble suscitĂ© par les circonstances du crime, tout cela dĂ©termine la portĂ©e publique de l’évĂ©nement criminel. Ainsi, si un coup de couteau dans le ventre d’une prostituĂ©e ne suscitera malheureusement guĂšre d’intĂ©rĂȘt, par contre la boucherie minutieuse subie par plusieurs d’entre elles a donnĂ© naissance au sinistre mythe de Jack l’Éventreur. Pensons Ă©galement aux affaires Carlos MonzĂłn – cĂ©lĂšbre boxeur argentin qui dĂ©fenestra sa femme – et O. J. Simpson – populaire joueur de base-ball nord-amĂ©ricain soupçonnĂ© d’avoir tuĂ© sa femme et son amant – largement mĂ©diatisĂ©es du fait de la notoriĂ©tĂ© des assassins. Pour qu’il y ait donc Ă©vĂ©nement dans le domaine du crime, il faut respecter un dosage, sans doute variable mais oĂč il est impossible que tous les ingrĂ©dients soient en quantitĂ© minimale, entre le nombre de victimes, leur importance sociale, la cĂ©lĂ©britĂ© du bourreau et le degrĂ© d’aberration de l’assassinat. Ce sont ces mĂȘmes ingrĂ©dients qui rendront le rĂ©cit journalistique du meurtre plus ou moins intĂ©ressant. On peut donc conclure qu’il y a Ă©vĂ©nement criminel quand il y a possibilitĂ© d’en tirer un rĂ©cit captivant15. Cependant, si Ă  l’origine du genre littĂ©raire policier l’extrĂȘme singularitĂ© des affaires criminelles Ă©tait affichĂ©e pour justifier qu’elles servent de sujet au rĂ©cit, depuis l’apparition du roman noir l’intĂ©rĂȘt ne porte plus sur le crime lui-mĂȘme, souvent assez banal, mais sur son contexte social ainsi que sur une galerie de personnages forts et ambiguĂ«s Marlow, Spade, Hammer
, impliquĂ©s dans des duels souvent picaresques. 29Observons que le roman latino-amĂ©ricain, en s’intĂ©ressant au crime d’État, se rĂ©fĂšre Ă  des Ă©vĂ©nements criminels rĂ©els oĂč les victimes sont nombreuses. Nous nous trouvons alors dans un systĂšme oĂč presque tous les ingrĂ©dients nĂ©cessaires Ă  la narrativitĂ© du crime se trouvent Ă  un degrĂ© maximal trĂšs grande quantitĂ© de victimes 30 000 pour l’Argentine entre 1976 et 1983, notoriĂ©tĂ© des bourreaux gĂ©nĂ©raux, amiraux, prĂ©sidents
 et atrocitĂ© du modus operandi sĂ©questrations barbares, tortures sauvages, enlĂšvement d’enfants
. Bien entendu le roman, Ă  l’inverse du manuel d’histoire, ne traitera ce crime collectif qu’à travers l’échantillon, mais le lecteur ne manquera jamais d’avoir en tĂȘte le contexte gĂ©nĂ©ral dont Roland Barthes disait qu’il Ă©tait indispensable Ă  la comprĂ©hension du crime politique. Estrella distante 1996 de Roberto Bolaño joue adroitement sur ce mode en insĂ©rant le parcours d’un bourreau particulier et de quelques unes de ses victimes dans le projet global de rĂ©pression Ă©laborĂ© par l’État chilien. Conclusion le crime politique dans le roman argentin 16 Quino, Bien chez soi, Luçon, Éditions Jacques GlĂ©nat, 1979, p. 39. 30La particularitĂ© du crime d’État, par rapport au crime crapuleux, c’est qu’il inverse les termes habituels de valorisation propres Ă  la littĂ©rature policiĂšre ordinaire. Les institutions officielles, la police et l’armĂ©e ne sont plus des forces protectrices mais des puissances criminelles. La victime est un marginal, condamnĂ© Ă  la clandestinitĂ©. Ni el tiro del final 1981 de JosĂ© Pablo Feinmann illustre ce renversement en dĂ©crivant la collusion entre militaires gradĂ©s et trafiquants de haut vol. Par ailleurs, comme le montre Quino en confrontant Sherlock Holmes au meurtre de masse16, les preuves et les indices du crime d’État appartiennent au domaine doctrinaire plutĂŽt qu’au domaine matĂ©riel et seront recueillis par une analyse du discours ou dĂ©noncĂ©s au moyen de la mĂ©taphore. C’est ainsi que Piglia dĂ©busque le crime totalitaire dans RespiraciĂłn artificial oĂč la rĂ©pression dictatoriale est indirectement Ă©voquĂ©e par l’analyse rĂ©pĂ©tĂ©e de discours littĂ©raires et de discours nazis, mis en relation Ă©troite. Faute d’empreinte digitale, la preuve de l’assassinat de masse est apportĂ©e par un Kafka ayant eu la prĂ©monition du gĂ©nocide raciste, et un Hitler exaltĂ© dictant Mein Kampf Ă  ses disciples. 17 C’est par cette expression anglo-saxonne que JosĂ© Emilio Pacheco caractĂ©rise le rĂ©cit de Walsh. J ... 31Aussi, l’idĂ©ologie, qui apparaissait dans les romans policiers traditionnels comme une couche secondaire, surgit-elle Ă  la surface de ces Ɠuvres saisissant politique et Histoire comme sujets centraux. Ce nƓud idĂ©ologique peut se resserrer davantage encore du fait que la compassion suscite l’éveil et l’engagement politique. Il s’ensuit que l’écriture devient souvent le rĂ©sultat d’une nĂ©cessitĂ© urgente et scandalisĂ©e Ă  tĂ©moigner contre les abus criminels du pouvoir. Telle est par exemple la motivation qui gouverne OperaciĂłn masacre 1957 de Rodolfo Walsh, prototype de non-fiction novel »17 qui dĂ©nonce sur le mode de l’enquĂȘte journalistique un vrai crime planifiĂ© par les autoritĂ©s. 32Quasiment depuis ses origines, la littĂ©rature argentine attribue Ă  la violence un caractĂšre politique qui permet Ă  l’auteur d’afficher la dĂ©termination de son engagement. Ainsi en est-il de la dĂ©nonciation des fĂ©dĂ©raux dans Amalia de JosĂ© MĂĄrmol, de celle des autoritĂ©s dans l’Ɠuvre de Roberto PayrĂł, de Eduardo GutiĂ©rrez ou de JosĂ© HernĂĄndez, de celle de la police antipĂ©roniste dans AdĂĄn Buenosayres 1948 de Leopoldo Marechal, de celle des militaires dans OperaciĂłn masacre de Rodolfo Walsh ou Cuarteles de invierno 1983 de Osvaldo Soriano
 Ces romans produisent un systĂšme de dĂ©nonciation qui encourage le lecteur Ă  prendre partie pour un personnage contre les autres le juste contre l’injuste, l’intĂšgre contre le corrompu, l’honnĂȘte contre le malhonnĂȘte, le courageux solitaire contre les puissants abusifs et lĂąches, le martyr contre les bourreaux
 La valorisation dichotomique du rĂ©seau actantiel, de mĂȘme qu’elle rappelle celle en Ɠuvre dans le roman policier traditionnel, s’inscrit dans le dĂ©bat politique et fait de l’Histoire un champ de bataille. De façon inaugurale, El matadero » d’Esteban EcheverrĂ­a qui raconte le meurtre d’un vertueux unitaire par des fĂ©dĂ©raux barbares signifie bien, dĂšs la premiĂšre phrase, ce rapport entre violence, politique et Histoire 18 A pesar de que la mĂ­a es historia, no la empezarĂ© por el arca de NoĂ© y la genealogĂ­a de sus asc ... Bien que ce rĂ©cit appartienne Ă  l’histoire, je ne l’ouvrirai pas en remontant Ă  l’arche de NoĂ© ni Ă  la gĂ©nĂ©alogie de ses ascendants comme avaient coutume de le faire les anciens historiens espagnols d’AmĂ©rique qui doivent nous servir d’ 33Le premier grand rĂ©cit fictionnel de la littĂ©rature argentine Ă©tablit un prĂ©cĂ©dent qui s’érigera bientĂŽt en archĂ©type. Le scandale produit par l’abus de pouvoir, la compassion envers une victime dont les qualitĂ©s intellectuelles et morales facilitent l’identification au lecteur, la diabolisation des bourreaux selon des procĂ©dĂ©s trĂšs divers qui vont de la dĂ©nonciation directe, prĂ©sente dans l’Ɠuvre de Soriano, Ă  celle mĂ©taphorique de Piglia, le meurtre impuni qui dĂ©noue un rĂ©cit pessimiste... tels sont les caractĂšres qui dominent un roman argentin imprĂ©gnĂ© par le discours gĂ©nĂ©rique propre au rĂ©cit policier. Ils dĂ©terminent une vision criminelle de l’Histoire argentine dont ils rapportent la violence, les injustices et les conflits sanglants. Rappelons, pour conclure, cette affirmation de Roberto Anglade 19 En paĂ­ses como el nuestro, la polĂ­tica no ha sido casi nunca un asunto civilizado ; en vez de e ... Dans des pays comme le nĂŽtre, la politique n’a presque jamais Ă©tĂ© une affaire civilisĂ©e ; au lieu de l’étudier depuis un canon culturel, il faudrait la considĂ©rer comme un chapitre du crime affirme Roberto Anglade. Haut de page Notes 1 Propos recueillis par François GuĂ©rif, Magazine littĂ©raire, n° 344, juin 1996, pp. 53-54. 2 Voir Claude LĂ©vi-Strauss, La pensĂ©e sauvage, Paris, Librairie Plon, 1985, pp. 306-307 et Roland Barthes, Le bruissement de la langue, Paris, Éditions du Seuil, 1984, p. 166. 3 El matadero » fut probablement Ă©crit en 1839 mais publiĂ© en 1871. 4 Antoine Prost, Les pratiques et les mĂ©thodes », Sciences humaines, Hors sĂ©rie, n° 18, septembre/octobre 1997, pp. 9-10. 5 Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du XVIe siĂšcle, Paris, Aubier, 1980, traduit de l’italien par Monique Aymard, p. 15. 6 Ibidem., p. 16. 7 Erich Auerbach, MimĂ©sis, la reprĂ©sentation de la rĂ©alitĂ© dans la littĂ©rature occidentale, Paris, Gallimard, 1968, traduit de l’allemand par Cornelius Heim, p. 371. 8 Que ce soit Ă  travers la consultation de manuels savants ou en actualisant l’imprĂ©gnation que l’histoire officielle exerce sur la culture des citoyens grĂące Ă  l’instruction scolaire et au discours dominant. 9 Para pensar la narrativa argentina en el marco de la dictadura militar terrorista conviene invertir los tĂ©rminos de la relaciĂłn entre los textos y la historia no es Ă©sta un relato maestro que provoque la gĂ©nesis de aquellos, sino que, por el contrario, es muy posible que de las textualizaciones que llamamos literatura dependa la comprensiĂłn de los hechos que denominamos historia. La siniestra etapa de la dictadura [
] es un sentido que permanece vacante hasta que empieza a ser llenado por las inscripciones simbĂłlicas de los discursos [
]. » AndrĂ©s Avellaneda, Lecturas de la historia y lecturas de la literatura en la narrativa argentina de la dĂ©cada del ochenta », in Adriana Bergero et Fernando Reati Ă©d., Memoria colectiva y polĂ­ticas del olvido. Argentina y Uruguay, 1970-1990, Buenos Aires, Beatriz Viterbo Editora, 1997, p. 141. C’est moi qui traduis, de mĂȘme que les autres citations tirĂ©es d’auteurs argentins. 10 [
] a partir del golpe militar no se podĂ­a publicar nada que oliera mĂ­nimamente a intercambio de ideas. Entonces pensĂ© que algo tenĂ­a que escribir, pero algo que diera testimonio de lo que habĂ­a padecido mi generaciĂłn la violencia desenfrenada. Y aparece la novela policial ; en ella el crimen es inherente al gĂ©nero, el asesinato forma parte de su legalidad interna. Es el gĂ©nero ideal para hablar del crimen y la violencia [
] ». Any Ventura, Todo lo que es quĂ­mica es polĂ­tica. DiĂĄlogo con el narrador JosĂ© Pablo Feinmann », ClarĂ­n, supplĂ©ment Cultura y NaciĂłn, 12/8/1982, pp. 2-3. 11 Voir Tulio HalperĂ­n Donghi, El presente transforma el pasado el impacto del reciente terror en la imagen de la historia argentina », in HernĂĄn Vidal et RenĂ© Jara Ă©d., FicciĂłn y polĂ­tica, la narrativa argentina durante el proceso militar, Buenos Aires, Alianza Estudio, 1987, p. 71-95. 12 Roland Barthes, Structure du fait divers », Essais critiques, Paris, Ă©ditions du Seuil, 1964, pp. 188-189. 13 Ibidem., p. 189. 14 Paul RicƓur, La mĂ©moire, l’histoire, l’oubli, Paris, Ă©ditions du Seuil, 2000, p. 161. 15 Au sujet de l’évĂ©nement, et plus prĂ©cisĂ©ment du fait divers, voir encore Roland Barthes, Structure du fait divers », op. cit., pp. 188-197. 16 Quino, Bien chez soi, Luçon, Éditions Jacques GlĂ©nat, 1979, p. 39. 17 C’est par cette expression anglo-saxonne que JosĂ© Emilio Pacheco caractĂ©rise le rĂ©cit de Walsh. JosĂ© Emilio Pacheco, Nota preliminar Rodolfo Walsh desde MĂ©xico », in Rodolfo Walsh, Obra literaria completa, MĂ©xico, Siglo xxi editores, 1981, p. 5. 18 A pesar de que la mĂ­a es historia, no la empezarĂ© por el arca de NoĂ© y la genealogĂ­a de sus ascendientes como acostumbraban hacerlo los antiguos historiadores españoles de AmĂ©rica que deben ser nuestros prototipos. » Esteban EcheverrĂ­a, El matadero », in JosĂ© Miguel Oviedo, AntologĂ­a crĂ­tica del cuento hispanoamericano del siglo XIX, Madrid, Alianza Editorial, 2001, p. 40. 19 En paĂ­ses como el nuestro, la polĂ­tica no ha sido casi nunca un asunto civilizado ; en vez de estudiarla dentro de un canon cultural, habrĂ­a que verla como un capĂ­tulo del crimen organizado. » Roberto Anglade, Tiempo de no morir », in Sylvia Iparraguirre Ă©d., La cultura argentina. De la dictadura a la democracia, Cuadernos Hispanoamericanos, N° 517-519, julio-septiembre 1993, Madrid, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier JosĂ© Garcia-Romeu, Crime, Histoire et fiction », Cahiers d’études romanes, 15 2006, 81-96. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique JosĂ© Garcia-Romeu, Crime, Histoire et fiction », Cahiers d’études romanes [En ligne], 15 2006, mis en ligne le 15 janvier 2013, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Lesassociations dĂ©noncent un mal-ĂȘtre grandissant et un manque d’écoute au sein de la police nationale. Nils Sabin, le 21/01/2022 Ă  06:48; Lecture en
Que ce soit pour prĂ©parer un voyage ou lors d’un voyage, prĂ©parer une rĂ©union ou animer une rĂ©union, lors d’un rendez-vous nous avons bien souvent besoin d’un peu plus que de simples mots ! Ce dont nous avons besoin, ce sont de rĂ©elles exemples de conversations en anglais. De vrais dialogues en anglais Ă  utiliser dans telle ou telle situation. Aujourd’hui, mieux que de vous fournir du vocabulaire essentiel en anglais, nous vous livrons 5 exemples de conversation en anglais. Nos 5 exemples de dialogue en anglais Pour commencer tranquillement, nous avons dĂ©cidĂ© de vous faire partager 5 exemples de dialogue en anglais une conversation type pour la rĂ©servation d’une chambre d’hĂŽtel, une dans un restaurant, pour demander son chemin dans la rue, pour des Ă©changes linguistiques et pour parler de la mĂ©tĂ©o. Enfin, vous trouverez un autre exemple de conversation en anglais BONUS Ă  la fin 😉 1. RĂ©server Ă  l’hĂŽtel / une chambre d’hĂŽtel David is preparing for a trip to England. He phones the San Esteban hotel to reserve a room. H San Esteban Hotel, how can we help you? D Hello! I would like to know the price of a single room, please. H Thirty [30] pounds per night. D Is breakfast included? H Yes, breakfast is included. D Ok, then I want a single room for four [4] nights. H When would you like your reservation? D From Tuesday May tenth [10th] to Saturday May fourteenth [14th]. H That will be 120 pounds, under what name should I make this reservation? D On behalf of David Miller. H Ok. Your reservation has been made. You can pay upon arrival. See you soon! D Thank you very much! Bye! H Bye! 2. Manger dans un restaurant David wants to have lunch at an English restaurant. D I would like a table for one, please. S Would you like to eat on the terrace or inside? D I prefer a table inside, near the window. S This way
 Here’s the menu. Would you like a drink? D No thanks. S What would you like to eat? D As an appetizer US / a starter UK, I would like the warm goat cheese salad. S For the main course, I’ll have the seafood platter. D And for dessert, I’ll have the crĂšme brĂ»lĂ©e. S Okay. And to drink? D A bottle of still water, please. S Right away. An hour later
 D Can I have the bill please? S Here it is. That will be ÂŁ please. D Here you go. Thank you! 3. Demander son chemin dans la rue David is at Farringdon and wants to go to Piccadilly Circus to meet up with Nadia. He asks a pedestrian for directions. D Excuse me, could you please tell me how to get to Piccadilly Circus ? P Of course! P Take the yellow Circle Line » in the direction of King’s Cross St Pancras » and get off at King’s Cross » station. Once there, switch to the blue line called the Piccadilly Line » towards Heathrow and get off at Piccadilly Circus. It’s very easy! D Thank you! P You’re welcome! D OK, I think that I will look at the map
 4. Lors d’échanges linguistiques
 David has a video call with a new language partner to practice the language a little bit before his trip. A Hi, David, nice to meet you! D Hi, Alex, nice to meet you, too! I do not speak English very well, but I’m learning! A No problem. I’m here to help you. D How old are you? A I’m 30. D Where do you live? A I live in New York. D Awesome! It’s always been my dream to visit your city. I want to learn more about it. A It’s a very exciting place with a lot of things to see and do. D That sounds awesome. I definitely want to go there. First I want to become fluent. A I’m sure you will, don’t worry. What do you do? D I’m a history student. What about you? What do you do for a living? A I teach math at school. D Oh, that’s very cool. Listen, I have to go. Let’s talk again soon, OK? A Sure. Talk to you later. 5. Parler de la mĂ©tĂ©o David is videocalling Alex. D Hi, Alex. A Hi, David. So did you surf today? D Unfortunately no. It rained all day long. A Oh. Is that usual in your area? D Yes, it doesn’t get too cold in the winter, but it rains a lot. Sometimes we get severe storms. We don’t wear heavy coats like in other countries but we always carry an umbrella. A And it’s like that throughout the country? D No, the south stays dry in the winter, but the temperatures are really low. It’s weird because it’s always sunny there, but it’s freezing! A Wow! I hate cold winters, when it’s gray and windy. That’s so depressing. But I do like the snow! D Me too. Do you ski? A Yes, I do. It’s really fun. D So, how’s the weather where you live? A Well, sometimes it gets very windy here, you know. D That kind of weather is not fun. A But in the summer, it stays warm and sunny. It’s my favorite season. D Mine is the spring. That’s when the weather is perfect here. Not too hot, not too cold. Perfect for surfing. Exemple de conversation orale en anglais Version audio pour accompagner votre lecture Ă©crite My head hurts. I cannot see, but I hear someone
 Doctor Can you hear me? ? Yes
 Doctor Open your eyes, please! I open my eyes, it hurts. I see a person. Doctor Hello! ? Hello! Doctor My name is Martin and I’m your doctor. How are you? ? Not very good, my head hurts. Doctor I see. And what’s your name? ? My name is
 is
 I cannot remember
 What is my name? 
 ? Why can I not remember my name? What is wrong with me? Doctor Hmm, you don’t remember your name? ? No, I remember nothing. Doctor Sir, I think you have amnesia. You hit your head
 ? Where am I? Doctor You’re in the New York City public hospital. ? New York? In America? Doctor Yes, in the United States of America! ? But why am I in America? Doctor I have no idea, but I can hear that English is not your first language. You really don’t have an accent but I can hear that you’re not American. Doctor I think you’re from a different country. Where are you from? ? I cannot remember anything. And my head hurts
 May I have a drink, please? Doctor Here is a glass of water and some Aspirin. ? Thank you. I drink the glass of water. I am scared. ? Doctor, I am alone, and I am not in my country. I do not remember anything, not even my name. Doctor Yes, this is a big problem. But I have an idea. There are some papers and keys in your pockets. You are also wearing expensive clothes. Maybe you have an important job. Look at this piece of paper, maybe it can help you remember something. I look at it. There is an address in New York. The doctor gives me the keys. ? Mmmm, this does not help, I still do not remember anything
 Doctor I’m very sorry, but someone needs to pay your hospital bill. I am scared, and I also start to get angry. ? Really? You are thinking about money right now? My head hurts a lot, I am alone, I am not in my country, and I cannot remember anything! You do not understand. I am scared. Doctor Yes, I can imagine. I’m really sorry. We want to help you. ? OK, then please help me. I want to go to the address on this piece of paper. I need to find a friend or a family member. Doctor I’m sorry, you can’t leave until tomorrow. But other than this amnesia problem, you’re very healthy. So tomorrow morning, I can ask someone to go with you to this address. It’s not far. ? Thank you very much, doctor. I really want to remember everything and find my family tomorrow. Doctor Yes, we hope so, too. OK, now you need to sleep. Tomorrow is a big day for you. ? Yes, I am very sleepy. Doctor Goodnight. ? Thank you, doctor. Goodnight. Pourquoi devez-vous Ă©couter ces conversations ? Bon, maintenant, cela va peut ĂȘtre vous surprendre mais il est important de savoir que ces simples exemples de dialogues en anglais ne vous permettront pas ni d’amĂ©liorer votre expression orale, ni votre comprĂ©hension orale de l’anglais. Non, car comme nous vous l’avons dĂ©jĂ  dit, la langue anglaise possĂšde 17 sons qui n’existent pas en français. Dans ce cas, comment faire pour lire correctement un texte en anglais si vous ne connaissez mĂȘme pas ces sons ? Comment deviner leur prononciation ? Ce n’est pas possible. Raison pour laquelle il est essentiel d’en plus de lire, d’écouter des conversations et dialogues en anglais. L’anglais Ă©crit et l’anglais oral n’ont rien Ă  voir, et vous ne pouvez deviner la prononciation d’un mot Ă  partir de son Ă©crit. Ce n’est malheureusement pas possible. C’est la raison pour laquelle vous devez Ă©couter l’anglais, et Ă©couter ces exemples de dialogue en anglais si vous voulez vous en servir plus tard. Comment Ă©couter ces exemples de dialogue en anglais ? Pour Ă©couter ces dialogues en anglais, plusieurs solutions s’offrent Ă  vous 1. Rechercher la prononciation mot par mot Vous pouvez commencer par les lire, et pour tous les mots que vous ne connaissez pas, nous vous conseillons grandement de chercher leur prononciation sur Google Translate, Forvo, ou sur nos appli MosaLingua pour en avoir la transcription orale ». Google Translate, tout le monde connaĂźt. Ce site Internet, et outil Google, vous permet d’obtenir la prononciation orale d’un mot. Il suffit de taper ce mot sur l’outil, d’obtenir sa traduction en anglais, et de cliquer ensuite sur le petit Ă©couteur pour avoir sa transcription orale. Un seul inconvĂ©nient la transcription orale est trĂšs robotisĂ©e, et certaines phrases peuvent cacher des erreurs
 Forvo est un site communautaire et participatif sur lequel des natifs enregistrent des sons et des mots avec la bonne prononciation. Intuitif, et simple d’utilisation, il peut vous dĂ©panner en cas de problĂšme. Notre application pour apprendre l’anglais. Enfin, notre appli pour apprendre l’anglais regroupe +3500 cartes de vocabulaire, ainsi que leur prononciation Ă©noncĂ©e par des natifs anglophones. Cherchez le mot, pour sĂ»r vous trouverez sa transcription orale ! 2. DĂ©couvrir ces dialogues en anglais sur MosaLingua Vous pouvez aussi et tout simplement chercher ces exemples de dialogue en anglais dans notre application pour apprendre l’anglais ou sur MosaLingua Web. En effet, tous les dialogues en anglais ci-dessous ont Ă©tĂ© tirĂ©s de notre application MosaLingua pour apprendre l’anglais et de MosaLingua Web. Non seulement, notre application vous propose du vocabulaire et sa bonne prononciation Ă©noncĂ©e par des natifs anglophones mais elle propose Ă©galement des exemples de dialogue en anglais avec conversations complĂštes. Parler de ses loisirs, parler des diffĂ©rences climatiques, faire fonctionner son tĂ©lĂ©phone ou appeler quelqu’un
 sont autant de dialogues et d’exemples de conversation en anglais que vous trouverez sur notre appli ainsi que sur MosaLingua Web. Dans leur version audio, enregistrĂ©e par des natifs, disponible avec ou sans sous-titres en français ou en anglais. AmĂ©liorer votre comprĂ©hension orale avec MosaSeries Ci-dessous, vous pourrez Ă©couter un dialogue issu de notre formation MosaSeries The Man With No Name. Cette formation vise justement Ă  vous faire travailler votre comprĂ©hension orale en anglais. Ici, le premier extrait MosaSeries The Man With No Name est une sĂ©rie passionnante qui raconte l’histoire, vous l’avez compris, d’un homme qui se rĂ©veille en ne sachant plus qui il est. Il s’agit d’une histoire que nous avons créée en anglais, disponible Ă  l’oral ainsi qu’à l’écrit, pour justement vous aider Ă  amĂ©liorer votre comprĂ©hension orale de l’anglais. Cette formation est Ă  destination des dĂ©butants et faux-dĂ©butants, et Ă  destination de tout ceux qui ont encore du mal Ă  suivre les conversations en anglais avec des natifs ou mĂȘme des sĂ©ries ou des films en anglais. Episode par Ă©pisode, MosaSeries vous aide Ă  amĂ©liorer votre comprĂ©hension orale de l’anglais grĂące Ă  du nouveau vocabulaire, des exemples de dialogue en anglais, mais aussi grĂące des exercices, des conseils sur la meilleure façon d’écouter, des tutos. Pour en savoir plus, nous vous invitons Ă  visiter notre page pour amĂ©liorer votre comprĂ©hension orale de l’anglais. En Bonus des dialogues en anglais Enfin dĂ©couvrez sur notre chaĂźne YouTube une vidĂ©o de dialogues en anglais. Cette vidĂ©o a Ă©tĂ© enregistrĂ©e une premiĂšre fois Ă  vitesse normale, puis au ralenti afin de familiariser votre oreille Ă  la prononciation. C’est le type de dialogues que vous retrouverez sur notre appli ou sur MosaLingua Web. N’oubliez pas de vous abonner Ă  notre chaĂźne YouTube pour plus d’astuces en vidĂ©o N’oubliez pas que n’importe quelle conversation que vous trouverez en anglais sur Internet ne vous sera utile que si vous entendez sa version orale ! Mais si vous voulez plus d’exemples de dialogue en anglais, alors n’hĂ©sitez pas Ă  nous le dire dans les commentaires
 Et nous verrons pour une potentielle V2 de cet article. Pour aller plus loin, nous vous conseillons aussi ces articles similaires Pourquoi pratiquer l’anglais Ă  l’oral Comment parler anglais rapidement
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Quelques jours plus tard, des dizaines de milliers de manifestants se rassemblaient Ă  Paris et dans plusieurs villes françaises, Ă  l’appel du comitĂ© VĂ©ritĂ© et justice pour Adama, constituĂ© en mĂ©moire d’Adama TraorĂ©, qui avait trouvĂ© la mort en juillet 2016 aprĂšs son interpellation par des gendarmes. Aux cĂŽtĂ©s de simples citoyens dĂ©filaient des personnalitĂ©s politiques de premier plan, alors que le mouvement recevait le soutien de vedettes du cinĂ©ma, du football ou de la chanson. Il a mĂȘme rapidement arrachĂ© au ministre de l’intĂ©rieur, M. Christophe Castaner, une mise en cause des pratiques d’étranglement et la promesse d’amĂ©liorer la dĂ©ontologie des forces de l’ordre, particuliĂšrement pour ce qui touche au racisme. L’ampleur de cette mobilisation comme son Ă©cho politique et mĂ©diatique contrastent avec l’histoire des luttes contre les violences policiĂšres. De Youssef KhaĂŻf Ă  Lamine Dieng, de Wissam El-Yamni Ă  Ibrahima Bah, en passant par Zyed Benna et Bouna TraorĂ©, Allan Lambin, Amine Bentounsi et bien d’autres, la liste est longue des jeunes des milieux populaires dont le dĂ©cĂšs est imputable, directement ou indirectement, aux forces de l’ordre. Entre janvier 1977 et dĂ©cembre 2019, 676 personnes tuĂ©es par des agents de police ou de gendarmerie ont ainsi Ă©tĂ© recensĂ©es par le site Basta !, soit 16 par an en moyenne. La moitiĂ© d’entre elles avaient moins de 26 ans, et prĂšs de la moitiĂ© des affaires concernaient la rĂ©gion parisienne et les agglomĂ©rations lyonnaise et marseillaise 1. Les sĂ©quences de rĂ©action Ă  ces drames se rĂ©pĂštent et se ressemblent le quartier dont est issue la victime s’embrase pour quelques nuits, les proches organisent des manifestations locales, puis commencent de longues annĂ©es de batailles judiciaires portĂ©es par la famille et quelques militants tenaces, qui ne dĂ©bouchent que rarement sur une condamnation des fonctionnaires mis en cause 2. Mais, jusqu’à une date rĂ©cente, les efforts pour donner une assise plus large Ă  ces initiatives Ă©taient restĂ©s infructueux. Cette cause demeure impopulaire parce qu’elle concerne le plus souvent des mauvaises » victimes, dĂ©favorablement connues des services de police ». Leur disqualification par les autoritĂ©s sous cette appellation comme l’exhibition complaisante par la presse de leurs antĂ©cĂ©dents pĂ©naux Ă©ventuels crĂ©ent un doute quant au dĂ©roulement des faits et renforcent le rĂ©cit policier. Elles rendent Ă©galement plus dĂ©licat le soutien de forces politiques ou syndicales de gauche, historiquement sensibles Ă  la rĂ©pression ouvriĂšre, mais mal Ă  l’aise vis-Ă -vis des plus rĂ©tifs Ă  l’ordre salarial, qu’elles nommaient en d’autres temps le lumpenprolĂ©tariat. Ce malaise est aggravĂ© par la distance qui s’est progressivement creusĂ©e entre ces organisations et les jeunes des citĂ©s, qu’elles ne sont plus capables d’intĂ©grer dans leurs rangs et dont elles peinent Ă  prendre en compte les conditions concrĂštes d’existence 3. De leur cĂŽtĂ©, les tentatives pour construire une autonomie politique des quartiers populaires, c’est-Ă -dire des structures capables de porter un autre discours sur ces derniers, n’ont pas connu de rĂ©ussites autres que ponctuelles 4. Alors, comment expliquer la puissance des protestations de juin 2020 ? On peut Ă©voquer la coĂŻncidence du calendrier français avec la mort de George Floyd aux États-Unis et l’émotion que celle-ci a soulevĂ©e internationalement, sans doute fouettĂ©e par une hostilitĂ© assez gĂ©nĂ©rale envers M. Donald Trump et ses politiques. On peut Ă©galement signaler le travail opiniĂątre de militants comme ceux issus du Mouvement de l’immigration et des banlieues, MIB pour fĂ©dĂ©rer les dĂ©nonciations des violences policiĂšres, dont Mme Assa TraorĂ©, la sƓur d’Adama, a su devenir une porte-parole charismatique. Mais l’ensemble de ces raisons n’auraient peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© suffisantes sans l’extension d’une dĂ©fiance envers les forces de l’ordre en dehors des cercles oĂč elle s’exprimait traditionnellement. ThĂ©orie de la vitre brisĂ©e » L’étendue de cette dĂ©fiance reste difficile Ă  mesurer. Des sondages en rĂ©vĂšlent des bribes. Comme celui publiĂ© par l’hebdomadaire L’Express 20 janvier 2020 — qui ne compte pourtant pas parmi les plus critiques de l’institution — rĂ©vĂ©lant que seules 43 % des personnes interrogĂ©es faisaient confiance » aux policiers, que 20 % d’entre elles ressentaient de l’ inquiĂ©tude » face Ă  eux et 10 % de l’ hostilitĂ© ». Des travaux scientifiques confirment cette tendance. Ainsi, une vaste enquĂȘte europĂ©enne rĂ©alisĂ©e en 2011 2012 portant sur 51 000 rĂ©pondants Ă©tablit que la police française est particuliĂšrement mal perçue. Elle se classe 19e sur 26 en ce qui concerne le respect dont elle ferait preuve dans le traitement des personnes juste devant la RĂ©publique tchĂšque, la GrĂšce, la Slovaquie, la Bulgarie, l’Ukraine, la Russie et IsraĂ«l 5. Tout manifestant a Ă©galement pu constater que le slogan Tout le monde dĂ©teste la police » fait dĂ©sormais partie du rĂ©pertoire classique des cortĂšges. L’usage de la force, justifiĂ© ou non, est certes devenu plus visible. Les smartphones Ă©quipĂ©s de camĂ©ras numĂ©riques permettent de le documenter abondamment, et les rĂ©seaux sociaux de le diffuser. Au point qu’une trentaine de dĂ©putĂ©s, relayant les demandes de syndicats policiers, ont essayĂ© rĂ©cemment de faire punir de 15 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement la diffusion par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image des fonctionnaires de la police nationale, de militaires, de policiers municipaux ou d’agents des douanes » AssemblĂ©e nationale, 26 mai 2020. Une mesure dĂ©jĂ  adoptĂ©e en Espagne, aprĂšs le vaste mouvement du 15-M, en 2011. L’action musclĂ©e des forces de l’ordre est Ă©galement plus perceptible, car elle s’est dĂ©placĂ©e des quartiers pĂ©riphĂ©riques vers les centres-villes et touche dĂ©sormais des populations qui n’étaient pas accoutumĂ©es Ă  cette expĂ©rience. La crise des gilets jaunes », les dĂ©filĂ©s contre la loi travail ou la rĂ©forme des retraites, comme les contrĂŽles opĂ©rĂ©s durant le confinement consĂ©cutif Ă  la pandĂ©mie de Covid-19, se sont traduits par une augmentation considĂ©rable des victimes et des tĂ©moins des interventions policiĂšres, bien au-delĂ  de ce que les sociologues appellent les gibiers de police » traditionnels 6. Et c’est sans doute cette extension de l’emprise policiĂšre sur nos sociĂ©tĂ©s qui permet de comprendre les rĂ©sistances collectives qui se manifestent aujourd’hui. Pour expliquer ce mouvement, il convient d’abord de dissiper le mythe tenace que la police s’occupe exclusivement de lutter contre la dĂ©linquance. Hormis pour de rares unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es, cette tĂąche n’excĂšde pas 20 % de son activitĂ© 7. Les policiers sont le plus souvent engagĂ©s dans la rĂ©solution d’une infinitĂ© de situations qui ne relĂšvent pas du pĂ©nal conflits de voisinage, domestiques ou concernant l’occupation de l’espace public, rĂ©gulation du trafic automobile, renseignements administratifs, gestion des rassemblements publics, contrĂŽle des migrations irrĂ©guliĂšres, surveillance politique, appui Ă  d’autres institutions des urgences mĂ©dicales aux expulsions locatives, etc. Le sociologue amĂ©ricain Egon Bittner souligne ainsi qu’ il n’y a pas de problĂšme humain, rĂ©el ou imaginable, dont on puisse dire avec certitude qu’il ne pourrait en aucun cas devenir l’affaire de la police 8 ». Celle-ci est donc moins une agence d’application de la loi — comme le suggĂšre l’expression anglo-saxonne law enforcement agency — qu’une force de l’ordre, c’est-Ă -dire une institution consacrĂ©e au maintien d’un ordre social dĂ©terminĂ©. Or, Ă  partir des annĂ©es 1980, la police est progressivement apparue pour nombre de gouvernants comme une solution magique pour affronter les consĂ©quences du creusement des inĂ©galitĂ©s sociales et Ă©conomiques, observable au sein des sociĂ©tĂ©s occidentales comme entre pays du Nord et du Sud. Avec des variations de chronologie et de ton, les thĂšmes de l’insĂ©curitĂ© et des migrations irrĂ©guliĂšres notamment se politisent, des partis politiques d’inspirations et de tendances diffĂ©rentes en faisant des chevaux de bataille Ă©lectoraux. Les politiques sociales, de prĂ©vention et de dĂ©veloppement, sans jamais ĂȘtre complĂštement abandonnĂ©es, cĂšdent progressivement la place Ă  des approches plus sĂ©curitaires, passant par le contrĂŽle et la coercition. DĂšs lors, il s’agit moins de lutter contre les causes structurelles des inĂ©galitĂ©s perçues comme dĂ©sirables par certains, hors de portĂ©e par d’autres que de discipliner les fractions de la population les plus indociles au nouvel ordre social nĂ©olibĂ©ral, interne et international. Michel Tabanou. — Maintien de l’ordre. Paris, 1er mai 2019 », 2019 © Michel Tabanou Parmi les rationalisations qui accompagnent cette dynamique, la thĂ©orie de la vitre brisĂ©e » occupe une place Ă  part. ÉlaborĂ©e par deux universitaires amĂ©ricains, James Q. Wilson et Georges L. Kelling, elle laisse entendre que la tolĂ©rance envers les petits dĂ©sordres urbains conduirait graduellement au dĂ©veloppement de formes plus graves de criminalitĂ© 9. En dĂ©pit de son absence de fondements empiriques — Wilson concĂ©da ultĂ©rieurement qu’il s’agissait d’une simple spĂ©culation » The New York Times, 6 janvier 2004 —, elle connut une publicitĂ© planĂ©taire aprĂšs que M. Rudolph Giuliani, maire de New York de 1994 Ă  2001, et son chef de la police, M. William Bratton, s’en furent inspirĂ©s pour rĂ©former l’action de l’institution. Des États-Unis Ă  la France, en passant par le Royaume-Uni ou l’Espagne, deux voies complĂ©mentaires vont ĂȘtre privilĂ©giĂ©es le durcissement de la rĂ©pression pĂ©nale des petits dĂ©lits de voie publique et le dĂ©veloppement de mesures administratives Ă  la lĂ©galitĂ© parfois contestable, telles que les arrĂȘtĂ©s antimendicitĂ©, les couvre-feux pour les mineurs ou pour les bandes, qui permettent de verbaliser ce que les Britanniques appellent les comportements antisociaux » anti-social behaviours. La consommation d’alcool ou de drogue dans la rue, l’occupation de l’espace public, la fraude dans les transports, les jeux de hasard, la mendicitĂ© agressive », le lavage des pare-brise aux feux rouges, la vente ambulante de boissons fraĂźches, de copies de CD, de DVD, de sacs Ă  main, de lunettes de soleil, de ceintures, etc., la prostitution de rue vont devenir des cibles privilĂ©giĂ©es de la police. En effet, c’est principalement Ă  cette derniĂšre que les gouvernements confient la tĂąche de rĂ©guler la petite dĂ©linquance et les incivilitĂ©s », grĂące aux pouvoirs nouveaux qui lui ont Ă©tĂ© concĂ©dĂ©s. Comme l’indiquent Wilson et Kelling, la police peut effectuer des arrestations pour des motifs du genre “individu suspect”, “vagabondage” ou “ivresse sur la voie publique”, toutes accusations dĂ©nuĂ©es de signification lĂ©gale solide. Or, si de telles charges existent, ce n’est pas que la sociĂ©tĂ© donne pour mission aux tribunaux de rĂ©primer le vagabondage ou l’ivrognerie, mais bien qu’elle veuille fournir aux policiers des outils juridiques leur permettant d’expulser les indĂ©sirables de tel ou tel quartier, lorsque tous les efforts informels pour faire rĂ©gner l’ordre ont Ă©chouĂ© ». Toutefois, confier Ă  une institution la rĂ©solution d’une question donnĂ©e n’est pas sans consĂ©quences. Cela favorise en effet son cadrage de la situation et la prĂ©gnance de ses analyses. Les bureaucraties, rappelle le politiste amĂ©ricain Murray Edelman, ont tendance Ă  construire les problĂšmes comme justifications des solutions qu’elles proposent 10 » il existe des visions institutionnelles, sĂ©dimentĂ©es dans leur histoire, sous forme de routines, de scĂ©narios, de savoir-faire et de reprĂ©sentations qui s’imposent Ă  leurs agents tant dans la formation que dans le travail au quotidien par les conseils et les rappels Ă  l’ordre des anciens. Les policiers aiment rĂ©pĂ©ter qu’ils ne sont pas des assistantes sociales » et valorisent la coercition. Ils vont donc rĂ©guler l’ordre urbain Ă  leur maniĂšre, en mettant notamment en place des stratĂ©gies de harcĂšlement. Un commissaire des Mossos d’Esquadra, la police catalane, expliquait en entretien sa politique concernant les jeunes qui se rassemblent dans les espaces publics de Barcelone Tu vas sur la place, tu les engueules, tu leur mets un peu la pression et tu leur dis “Bon, je viendrai chaque jour. Et si demain tu es lĂ , je te demanderai tes papiers, si tu consommes de l’alcool sur la voie publique, je ferai une procĂ©dure, si tu as du chocolat [cannabis] Ă©galement.” Ce qui veut dire que, d’une maniĂšre ou d’une autre, on les fait partir. Ça permet de dĂ©placer le problĂšme. » Cette combinaison de rĂ©pression et de bannissement de ceux perçus comme indĂ©sirables rĂ©sume assez bien le sens pratique des forces de l’ordre pour remplir les missions qui leur sont assignĂ©es. Pourquoi obĂ©it-on Ă  la police ? Ces tactiques suscitent Ă©videmment des rĂ©sistances de ceux qui en sont la cible, sous forme d’insultes, de refus d’obtempĂ©rer et parfois de confrontations individuelles ou collectives, particuliĂšrement lĂ  oĂč le rapport de forces n’est pas en faveur des policiers. En France, le nombre d’outrages et de violences contre des dĂ©positaires de l’autoritĂ© passe ainsi de 22 000 en 1990 Ă  68 000 en 2019, soit une multiplication par trois en trente ans. Face Ă  cette situation, l’institution a rĂ©agi en dotant ses personnels de matĂ©riel dĂ©fensif gilets pare-balles, grenades de dĂ©sencerclement et offensif lanceurs de balles de dĂ©fense [LBD], pistolets Ă  impulsion Ă©lectrique. Cet Ă©quipement a nourri les critiques d’une militarisation de la police, particuliĂšrement manifeste dans les unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es comme les brigades anticriminalitĂ© BAC françaises. Leurs Ă©cussons, floquĂ©s d’images de prĂ©dateurs tigres, loups, lions, crocodiles, cobras, etc. veillant sur la ville endormie, Ă©clairent le type de rapports Ă  l’espace et aux populations qu’elles veulent incarner. La Street Crimes Unit new-yorkaise, dissoute en 2002 aprĂšs avoir criblĂ© de balles un jeune Afro-AmĂ©ricain dĂ©sarmĂ©, Amadou Diallo, avait mĂȘme pour devise La nuit nous appartient » We own the night ». DĂ©veloppant des pratiques d’intervention agressive, ces unitĂ©s sont responsables d’une large part des violences, parfois mortelles, reprochĂ©es Ă  l’institution. On les accuse Ă©galement de contribuer Ă  un durcissement des tensions partout oĂč elles sont dĂ©ployĂ©es. De lĂ  le dĂ©veloppement de stratĂ©gies complĂ©mentaires, nommĂ©es selon les pays police communautaire » ou de proximitĂ© », visant Ă  rapprocher les policiers du public grĂące Ă  une prĂ©sence visible des patrouilles Ă  pied et Ă  la crĂ©ation d’espaces de dialogue pour aborder les problĂšmes locaux. Ces expĂ©riences se sont heurtĂ©es au faible enthousiasme policier et Ă  des contraintes budgĂ©taires rĂ©currentes, en raison du coĂ»t des effectifs nĂ©cessaires. Mais, lĂ  oĂč elles ont Ă©tĂ© mises en place, elles ont contribuĂ© Ă  renforcer la centralitĂ© de la police dans la rĂ©gulation des rapports sociaux et Ă  redĂ©finir ceux-ci comme une question de sĂ©curitĂ© 11. Police rĂ©pressive » et prĂ©ventive » s’opposent donc moins qu’elles ne se complĂštent pour quadriller l’existence quotidienne de populations de plus en plus larges. Ces stratĂ©gies ont-elles tenu leur promesse de juguler les petits dĂ©sordres urbains ? À l’évidence non. Mais pouvait-on sĂ©rieusement croire qu’elles y parviendraient sans agir sur leurs causes profondes ? Nombre de policiers en sont d’ailleurs conscients, lorsqu’ils Ă©voquent en entretien un tonneau des DanaĂŻdes ». Pour autant, cet Ă©chec n’a pas inflĂ©chi les options choisies par les gouvernants. Il a au contraire conduit Ă  une fuite en avant sĂ©curitaire, dont l’institution s’est saisie pour revendiquer toujours plus de moyens d’action. Le choix politique de faire des forces de l’ordre le fer de lance de la dĂ©fense de l’ordre urbain a en effet réévaluĂ© leur position dans le champ bureaucratique et placĂ© les gouvernements dans une relation d’interdĂ©pendance dĂ©favorable. Ce phĂ©nomĂšne est particuliĂšrement accentuĂ© en France ou aux États-Unis lire Un pays minĂ© par les homicides policiers » par l’existence de puissants syndicats corporatistes. Avec un taux de syndicalisation de prĂšs de 70 % contre 19 % pour la fonction publique et 8 % pour les salariĂ©s du privĂ©, la police française est, de loin, la profession la plus organisĂ©e. StructurĂ©s par corps gardiens, officiers et commissaires, ces syndicats jouent un rĂŽle important dans l’évolution des carriĂšres. En raison du devoir de rĂ©serve, ils sont Ă©galement les seuls Ă  pouvoir Ă©mettre une parole dans les mĂ©dias notamment, en dehors, bien entendu, des autoritĂ©s hiĂ©rarchiques — ce qui limite l’expression publique des dissidences internes et renforce l’illusion d’une police qui ferait bloc. Cette force conduit Ă  une cogestion de fait de l’institution, combinant nĂ©gociation, exhortations publiques et actions collectives manifestations, arrĂȘts-maladie, abandon des missions non urgentes ». Si elle n’est pas Ă©pargnĂ©e, la police a ainsi mieux su se protĂ©ger que d’autres services publics des rĂ©formes libĂ©rales, en termes de revalorisations statutaires et salariales ou de crĂ©dits de fonctionnement. Par exemple, lors de la rĂ©forme des retraites, en dĂ©cembre 2019, il a suffi aux syndicats d’évoquer la possibilitĂ© d’un retrait pour obtenir immĂ©diatement un rĂ©gime dĂ©rogatoire, alors mĂȘme que des centaines de milliers de salariĂ©s des transports, de l’hĂŽpital, de l’éducation nationale, etc. enchaĂźnaient les semaines de grĂšve et de manifestations sans obtenir satisfaction de leurs revendications. De la mĂȘme maniĂšre, l’institution contrarie efficacement tout ce qu’elle perçoit comme une remise en question de ses prĂ©rogatives. Les propos rĂ©cents de M. Castaner sur l’interdiction possible des Ă©tranglements ont immĂ©diatement dĂ©clenchĂ© des accusations de trahison » et des protestations localisĂ©es, amenant le ministre Ă  reconsidĂ©rer sa position. Des Ă©pisodes similaires sont observables, depuis les manifestations contre le garde des sceaux Robert Badinter en 1983 Ă  celles contre la loi sur la prĂ©somption d’innocence 15 juin 2000, en passant par les oppositions Ă  la rĂ©forme de la garde Ă  vue 14 avril 2011 ou de la contrainte pĂ©nale 15 aoĂ»t 2014. Cette hostilitĂ© Ă  la critique s’exprime Ă©galement par la rĂ©sistance Ă  tous les corps extĂ©rieurs qui pourraient assurer un contrĂŽle sur son activitĂ©. Des autoritĂ©s indĂ©pendantes comme la Commission nationale de dĂ©ontologie de la sĂ©curitĂ© CNDS, puis le dĂ©fenseur des droits ou le contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ©, ont dĂ» livrer des batailles constantes pour exercer leurs missions, et leur champ d’action a toujours Ă©tĂ© restreint par rapport aux ambitions initiales. Cela vaut Ă©galement pour la justice, mal Ă  l’aise pour juger l’action policiĂšre, alors mĂȘme que les magistrats en dĂ©pendent pour leur travail quotidien. Enfin, bien que crainte par les policiers, l’inspection gĂ©nĂ©rale de la police nationale IGPN apparaĂźt bien plus encline Ă  sanctionner les dĂ©viances internes qu’à instruire les plaintes qui viennent de l’extĂ©rieur. Sa directrice, la commissaire Brigitte Jullien, reconnaissait ainsi que, sur les 378 affaires dont elle avait Ă©tĂ© saisie dans le cadre du mouvement des gilets jaunes », deux seulement avaient donnĂ© lieu Ă  des propositions de sanctions administratives EnvoyĂ© spĂ©cial », France 2, 11 juin 2020. La combinaison de cette autonomie de l’institution et du rĂŽle central qui lui a Ă©tĂ© attribuĂ© dans la rĂ©gulation de l’ordre social a transformĂ© les rapports qu’entretiennent ses agents au reste de la sociĂ©tĂ©. Compte tenu des situations difficiles auxquelles ils sont professionnellement confrontĂ©s accidents, violences, conflits, misĂšre, les policiers dĂ©veloppent traditionnellement une vision assez pessimiste du monde social — un mĂ©canisme similaire s’observant chez les pompiers 12. Celle-ci se couple avec des reprĂ©sentations nĂ©gatives de ceux qu’ils surnomment leurs clients ». Ce qui donne d’ailleurs une clĂ© d’entrĂ©e pour expliquer le racisme policier. Il existe bien une minoritĂ© d’agents idĂ©ologiquement convaincus des inĂ©galitĂ©s raciales et une tolĂ©rance pour leurs propos et leurs attitudes. Mais, pour nombre de leurs collĂšgues, ce sont dans les relations rugueuses entretenues au quotidien avec certaines fractions des milieux populaires — dont une bonne part est issue des migrations ou des minoritĂ©s — que se forgent des stĂ©rĂ©otypes racistes qui s’appliquent ensuite par capillaritĂ© Ă  tous ceux qui pourraient leur ressembler. Or, depuis une trentaine d’annĂ©es, l’élargissement du spectre de l’action policiĂšre Ă©tend mĂ©caniquement celui des groupes qui font l’objet de suspicion. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le fichier TAJ pour traitement d’antĂ©cĂ©dents judiciaires », dans lequel policiers et gendarmes enregistrent les personnes pour lesquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elles aient pu participer, comme auteurs ou complices, Ă  la commission d’un crime, d’un dĂ©lit ou de contraventions de cinquiĂšme classe » — un fichier qui ne laisse en rien prĂ©sager des suites judiciaires qui seront apportĂ©es de suspects, donc, et non de coupables. Au 15 novembre 2018, 18,9 millions de personnes faisaient l’objet d’une fiche, c’est-Ă -dire prĂšs de 30 % de la population française
 Sans grande surprise, les policiers français apparaissent comme les plus dĂ©fiants d’Europe envers le reste des citoyens 13. EncouragĂ©s par les Ă©lites gouvernantes et par leur propre hiĂ©rarchie Ă  se percevoir comme l’un des derniers remparts entre l’ordre et le chaos, ils n’hĂ©sitent plus Ă  utiliser rĂ©guliĂšrement des techniques qu’ils rĂ©servaient jusque-lĂ  Ă  des dĂ©linquants plus endurcis. Le dĂ©cĂšs de CĂ©dric Chouviat, un chauffeur-livreur, aprĂšs qu’il a subi un Ă©tranglement, celui de Steve Maia Caniço poussĂ© dans la Loire par une charge policiĂšre, l’usage massif des LBD contre des gilets jaunes » ou des manifestants contre la rĂ©forme des retraites, de mĂȘme que les humiliations infligĂ©es Ă  des lycĂ©ens comme ceux de Mantes-la-Jolie agenouillĂ©s, les mains sur la nuque, en dĂ©cembre 2018, Ă  des fĂ©ministes ou Ă  d’autres contrĂŽlĂ©s durant l’état d’urgence sanitaire, relĂšvent certainement de cette dynamique. Celle-ci sape pourtant les fondements de l’autoritĂ© policiĂšre. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du syndicat UnitĂ© SGP Police - Force ouvriĂšre, M. Yves Lefebvre, dĂ©plorait rĂ©cemment que la clĂ© d’étranglement soit de plus en plus utilisĂ©e parce que de plus en plus de gens tentent de se soustraire aux contrĂŽles de police » LibĂ©ration, 8 juin 2020. Il posait sans s’en rendre compte une question centrale pourquoi obĂ©it-on Ă  la police ? La rĂ©ponse est simple le degrĂ© d’obĂ©issance Ă  l’institution est proportionnel Ă  la perception de sa lĂ©gitimitĂ©. Or celle-ci n’est jamais donnĂ©e une fois pour toutes. Le droit pĂ©nal, expliquait le sociologue Émile Durkheim, protĂšge les sentiments collectifs d’un peuple Ă  un moment dĂ©terminĂ© de son histoire 14 ». C’est-Ă -dire qu’il dessine les frontiĂšres morales d’une sociĂ©tĂ©, en distinguant une majoritĂ© d’ honnĂȘtes hommes » d’une minoritĂ© de criminels ». La dĂ©lĂ©gation accrue Ă  la police de la gestion de l’ordre urbain, des flux migratoires et mĂȘme de la contestation sociale et politique modifie le poids relatif des deux groupes. DĂšs lors, la nettetĂ© particuliĂšre » des sentiments collectifs dont parle Durkheim se brouille, et les policiers peuvent apparaĂźtre non plus comme les garants de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, mais comme les gardiens d’un ordre social jugĂ© injuste par un nombre croissant d’individus. Moins obĂ©is, ils emploient plus volontiers la force pour se faire respecter, ce qui creuse encore la dĂ©fiance dont ils font l’objet. Qui, Ă  son tour, renforce leur mĂ©fiance envers les citoyens et leur volontĂ© d’étendre des dispositifs de sĂ©curitĂ©. Ce cercle vicieux produit un profond sentiment d’asphyxie que les mesures de police sanitaire 20,7 millions de contrĂŽles et 1,1 million de contraventions entre le 17 mars et le 11 mai 2020 ont portĂ© Ă  son paroxysme. RĂ©sonnant avec l’étouffement physique de George Floyd, celui-ci s’exprime aujourd’hui dans les mobilisations sous le mot d’ordre fĂ©dĂ©rateur de Laissez-nous respirer ! ».
je, non ca ne va pas ! oui je suis un policier, mais avant tous, je suis un etre humain. il y a 3 ans, mon frere Jack est decede. et il y a quzlues temps, mon equipe et moi avons recu un appel, a chatelet. nous avons accourru. et sur les lieu, nous avons attraper le voleur. c'etait le tueur de mon frere. je n'ai pas pu empecher de lui sauter
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exemplede dialogue entre une secrĂ©taire mĂ©dicale et un patient Home Uncategorized exemple de dialogue entre une secrĂ©taire mĂ©dicale et un patient By ERIC GAY / AP / SIPA M le mag Violences policiĂšres PubliĂ© le 09 octobre 2020 Ă  02h27 - Mis Ă  jour le 09 octobre 2020 Ă  15h16 RĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s EnquĂȘteDepuis la mort de George Floyd, la position des officiers noirs aux Etats-Unis est plus inconfortable que jamais. Entre la dĂ©fiance de leur communautĂ© et celle de leurs collĂšgues blancs, ces femmes et ces hommes sont les tĂ©moins du racisme profond de leur institution. Entre deux couleurs, entre deux mots d’ordre, l’AmĂ©rique est, depuis cet Ă©tĂ©, sommĂ©e de choisir son camp Black Lives Matter ou Blue Lives Matter ? Un dilemme familier pour ceux qui, comme Mitchell R. Davis entrĂ© dans la police il y a prĂšs de trente ans, sont Ă  la fois black, afro-amĂ©ricains et blue, couleur de son uniforme. Avant de devenir policier dans la banlieue de Chicago Illinois, il Ă©tait un jeune homme noir Ă  qui il arrivait d’ĂȘtre importunĂ© par les forces de l’ordre. AprĂšs avoir intĂ©grĂ© l’institution, Ă  28 ans, certains de ses collĂšgues ont continuĂ© Ă  voir en lui ce jeune homme noir au comportement forcĂ©ment suspect. Une expĂ©rience inconfortable et parfois humiliante », qui n’a pas dissuadĂ© le robuste pĂšre de famille de faire son chemin dans le monde des bleus ». Bien au contraire. En uniforme, muni d’une pancarte Lorsque l’on veut changer les choses, il vaut mieux ĂȘtre dans le systĂšme qu’à l’extĂ©rieur », dĂ©fend celui qui est aujourd’hui, Ă  58 ans, le chef de la police de la commune de Hazel Crest, 17 000 habitants. Cette conviction n’a fait que se renforcer au fil de sa carriĂšre. Et son engagement a encore trouvĂ© tout son sens durant l’étĂ©, lors des manifestations contre les violences ­policiĂšres, organisĂ©es aprĂšs la mort de George Floyd, asphyxiĂ© sous le genou d’un policier blanc. Ce drame, venu s’ajouter Ă  une liste dĂ©jĂ  longue de brutalitĂ©s Ă  l’encontre des Afro-AmĂ©ricains, a jetĂ© dans les rues des milliers de personnes, blanches et noires, dĂ©cidĂ©es Ă  dĂ©noncer une forme de racisme systĂ©mique au sein des forces de l’ordre amĂ©ricaines. Mitchell R. Davis n’a pas hĂ©sitĂ© un instant en uniforme et muni d’une pancarte Black Lives Matter, il a rejoint le dĂ©filĂ© organisĂ© dans sa ville. J’étais le seul reprĂ©sentant de la police », reconnaĂźt-il sans amertume. Je suis sĂ»r que d’autres policiers, blancs ou noirs, voient les choses comme moi et veulent amĂ©liorer la situation, mais tout le monde ne veut pas le faire publiquement. » A travers le pays, d’autres policiers ont suivi son exemple ; de maniĂšre inĂ©dite dans ce type de protestations, certains ont mis un genou Ă  terre, en solidaritĂ© avec les manifestants, ou dĂ©posĂ© sur le sol leurs menottes ou leurs gilets pare-balles, comme une volontĂ© d’engager un dialogue apaisĂ©. Double loyautĂ© Ces moments euphoriques semblent dĂ©jĂ  loin, mais l’urgence Ă  dĂ©noncer les biais racistes de l’institution policiĂšre demeure. Surtout chez les agents noirs, pris en Ă©tau entre deux loyautĂ©s, entre deux familles » la police et la communautĂ© afro-amĂ©ricaine. Une situation ambivalente qui en fait les tĂ©moins privilĂ©giĂ©s » de pratiques discriminatoires, dans leur vie professionnelle ou leur quotidien de citoyen. Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Dialogueentre un prĂȘtre et un moribond Cet article est une Ă©bauche concernant la littĂ©rature . Vous pouvez partager vos connaissances en l’amĂ©liorant ( comment ? Anglais de nouvelles questionsHi, can you tell me the meaning of spick and span for me Je n’ai pas d’idĂ©e il faut que je fasse un texte de 20 linges pour ranconter une histoire de peur en anglais au prĂ©tĂ©ritRĂ©ponses Ineed letter to friend talking about where you would like spend your summer holiday and why?RĂ©ponses Anglais, 0750, familckmPouvez vous m'aider a faire la suite de ce texte svppp one night, a storm broke out and, all of a sudden , the light went out so divided under the and in the end , i fell asleep. when i woke up , my brother was taking photos of me! maxi 10 lignesRĂ©ponses MathĂ©matiques, 1343MathĂ©matiques, 1804Informatique, 1435MathĂ©matiques, 1234Physique/Chimie, 0720MathĂ©matiques, 2344MathĂ©matiques, 2344Français, 2344Histoire, 2344MathĂ©matiques, 2344 WOCZnMx.
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